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Текст книги "Александр III"


  • Текст добавлен: 22 января 2014, 01:02


Автор книги: Иван Тургенев


Жанр: Биографии и Мемуары, Публицистика


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Иван Сергеевич Тургенев
Александр III

Alexandre III

Non seulement en Russie, mais dans l’Europe entière on attend anxieusement les premiers actes du nouveau souverain, pour tâcher de préjuger quelles seront par la suite son attitude, ses tendances, toute sa manière de gouverner.

On espère beaucoup. On craint beaucoup. On commente tout ce qu’on sait de sa vie et on en tire des conclusions; puis on se dit: «L’horrible mort de son père ne changera-t-elle pas absolument ses opinions acquises et connues dès maintenant?»

Nous allons essayer de tracer aussi judicieusement que possible le caractère vrai de ce prince, de pénétrer en lui, de voir son cæur, qui n’est point double ou rusé; et, de cette connaissance de l’homme, nous tâcherons de déduire la conduite qu’il tiendra sur le trône, à moins que des événements imprévus ne le forcent à suivre une route contraire à sa nature.

I

Alexandre III possède plusieurs de ces qualités puissantes qui font, sinon les grands, du moins les bons et les vrais souverains. Chaque homme nait avec des aptitudes particulières pour une profession quelconque; ce prince semble né avec des aptitudes réelles pour le pouvoir.

Il est dans la force de l’âge, sain de corps et d’esprit, de grande allure, d’aspect royal. Son caractère est calme, réfléchi, énérgique, équilibré. La note dominante en lui, la qualité qui enveloppe pour ainsi dire toutes les autres est l’honnêteté, une honnêteté scrupuleuse, absolue, sans pactisations et sans mélange. Rien qu’à le voir, on le sent loyal des pieds à la tête, sans plis dans la pensée, d’une sincérité rigide; mais cette excessive droiture ne va pas sans une nuance d’entêtement qui en est comme la conséquence.

On connaît son passé.

Appelé à la succession de l’empire par la mort de son frère, n’ayant reçu jusqu-là qu’une éducation purement militaire, il s’est mis au travail avec une volonté et une persévérance remarquables, s’efforçant de devenir digne du grand trône où il devait monter; il est à constater, d’ailleurs, que le nouveau tzar a plutôt une tendance à douter de lui, de son savoir et de son esprit, une sorte de modestie réelle en face de la situation souveraine où le place la destinée – modestie qui n’exelut pourtant ni l’esprit de suite ni l’énergie dans la volonté.

Seul de sa race, peut-être, il est chaste, et il l’a toujours été. Il a souvent manifesté dans sa propre famille sa profonde répugnance pour l’inconduite.

Des gens élévés avec lui affirment que, même enfant, il n’a jamais menti. Et il pousse si loin ses scrupules de franchise qu’au moment d’épouser, pour des raisons politiques, la fiancée de son frère mort, il ne lui a point caché qu’il aimait une autre femme, la princesse M…, qui devint plus tard l’épouse du très riche et très célèbre M. D… Sa confidence, du reste, eut un écho, car sa fiancée ne lui dissimula point qu’elle avait aimé passionnément son frère. Et cependant ils ont formé un ménage modèle, un ménage surprenant de concorde et d’affection persévérante.

On a beaucoup parlé de la sympathie qu’il semblait éprouver pour tel peuple et de l’antipathie qu’on lui prêtait contre tel autre. On a aussi fait circuler des légendes, des histoires de verre brisé, etc., qui sont de pure invention. Tout ce qu’on peut dire de lui, c’est qu’il est Russe, et rien que Russe. Il présente même un singulier exemple de l’influence du milieu, selon la théorie de Darwin: c’est à peine si dans ses veines coulent quelques gouttes de sang russe, et cependant il s’est identifié avec ce peuple au point que tout en lui, le langage, les habitudes, l’allure, la physionomie même sont marqués des signes distinctifs de la race. Partout, en le voyant, on nommerait sa patrie.

On a prétendu qu’il détestait les Allemands. Mais on a confondu les Allemands d’Allemagne avec les Allemands de Russie: ce sont ces derniers qu’il n’aime point.

On a affirmé qu’il chérissait la France avant toutes les nations. Le chauvinisme français a peut-être exagéré. Voici la vérité sur cette sympathie qu’on lui prête depuis longtemps:

Avant 1870, il avait montré des sentiments très libéraux; il paraissait l’allié de cæur des républicans français. Là-dedans entrait surtout une répulsion manifeste pour l’empereur Napoléon, dont la duplicité, les habitudes de ruse et d’intrigue blessaient tous ses instincts loyaux. Mais quand la Commune est arrivée, une colère indignée lui vint contre tous les faiseurs de révolutions sanguinaires; et il répéta à plusieurs reprises, avec une sorte de regret sur ses convictions évanouies: «Voilà donc à quoi ces choses aboutissent!»

C’est seulement depuis que la république commence à devenir raisonnable qu’une nouvelle réaction en faveur de la France semble s’être faite en lui.

En somme, la France et l’Allemagne tiennent peu de place dans son amour. Il n’est que Russe. Il n’aime et ne protège que l’art russe, la musique russe, la littérature russe, l’archéologie russe. Il a fondé à Moscou un grand musée national. Pour les mêmes raisons, il est fervent orthodoxe: sa piété est réele et sincère.

En son pays, la plus grande part de son affection est pour le paysan; e’est sur le paysan que tomberont ses plus larges faveurs; c’est au paysan qu’il a pensé, au moment de rendre son premier ukase, le jour même de la mort de son père, en rappelant que pour la première fois les hommes de la campagne, devenus libres, étaient appelés à prêter serment.

Mais si ses bienfaits doivent aller aux paysans, ses rigueurs infailliblement atteindront, du haut en bas de l’échelle, toute la bureaucratie russe, don’t il n’ignore pas la pourriture et les déprédations. Pendant le commandement qu’il exerça, son honnêteté, révoltée, n’a pas pu se contenir devant les exactions dont il fut témoin, même dans sa propre famille. Il semble bien résolu à y mettre fin; ce nettoyage de fonctionnaires véreux est même déjà commencé.

II

On se demande avec une juste inquiétude quelle sera son attitude au dedans comme au dehors.

Pour l’intérieur, on a déjà parlé d’une constitution; des espoirs grandissent, se bercent; on affirme qu’il s’est, de tout temps, assigné, réservé ce rôle de devenir souverain selon les idées européennes. Pour l’extérieur, on suppose qu’il s’éloignera de plus en plus de l’Allemagne et qu’il reprendra la politique du panslavisme.

Ceux qui attendent du nouveau tzar une constitution parlementaire perdront vite leurs illusions, nous en sommes du moins persuadés. Ses rapports presquer intimes avec le parti ultranational semblent indiquer, au contraire, une certaine défiance à l’égard des constitutionnels. Les idées acceptées en Europe sur les limites d’autorité assignées aux rois sont et resteront longtemps encore étrangères à la Russie. Le pouvoir impérial préférera procéder par grandes réformes octroyées par ukase pour arriver peu à peu à améliorer d’une façon sensible le sort de ses sujets, surtout celui des paysans.

Ces réformes, d’ailleurs, sont toutes prêtes, tout indiquées, et depuis longtemps déjà on les avait mises à l’étude. Alexandre II même avait été sur le point de les appliquer, quand le mouvement nihiliste, s’accentuant, avait arrêté ses projets et ajourné indéfiniment ses intentions libérates.

Voici quelles seraient ces mesures;

1° Diminution considérable dans le payement du rachat des terres par les paysans.

On sait que ce rachat, dans les conditions où il s’opère, est pour les campagnes une ruine inévitable.

2 °Changement radical du système d’impôts;

3° Abolition de la capitation;

4° Facilité d’émigration d’une province dans une autre.

Cette mesure peut donner à l’agriculture en Russie un essor considérable. Certaines provinces, en effet, où les habitants sont nombreux, demeurent improductives à cause de la stérilité du sol. En d’autres contrées, au contraire, la terre est fertile, mais les travailleurs manquent, et les excessives difficultés qui entourent l’émigration menaçaient de faire s’éterniser cet état de choses.

5° Grandes facilités pour les passeports.

Cette mesure rentre dans le même ordre de réformes que la précédente, un paysan ne pouvant se déplacer, aller travailler dans une région voisine sans être astreint à des formalités de passeport compliquées et coûteuses.

6° Fondation de banques rurales.

Cette dernière création est destinée à débarasser le pays d’un fléau rongeur, les petits usuriers, qui mangent le paysan et dévastent les campagnes comme une armée de sauterelles.

L’ensemble de ces réformes amènera infailliblement un soulagement considérable pour le travailleur rural. Elles sent urgentes, absolument urgentes, et il est probable qu’elles s’exécuteront avant la fin de l’année.

Il est probable également que la scrupuleuse probité du nouvel empereur le décidera presque immédiatement à faire aussi dans les finances des réformes considérables. Elles s’étendront même, sans doute, au budget de l’armée; et elles arrêteront les distributions scandaleuses des terres de la Couronne qui avaient lieu au moyen de ventes fictives et de mille autres procédés frauduleux.

Alexandre III s’efforcera, en outre, assurément, de relever la situation du clergé, tout en donnant une plus grande liberté aux vieux croyants, qui sont, on le sait, très nombreux.

Quant à une constitution proprement dite, il serait assez surprenant qu’il l’accordât. Toutes ses concessions à ce point de vue se borneront sans doute à laisser une plus grande latitude à l’administration provinciale; il consentira nommément à faire participer le pays, les zemstvos, dans une certaine mesure, assez restreinte, à l’administration des affaires.

Dans tous les cas, on ne peut pas prévoir qu’il accorde plus qu’une simple convocation de députés ayant seulement voix consultative sur un sujet déterminé, objet unique de la réunion. Ainsi une assemblée de cette nature a été appelée à donner son avis sur la question d’émancipation des serfs. Il en sera peut-être de même pour la répartition nouvelle de l’impôt et toutes les questions de finances qui s’y rattachent. Mais le tzar, maître absolu, ne se trouve engagé en rien par les conseils de ces délégués du pays, et il garde dans son intégrité toute sa liberté d’action.

Quant à toutes ces autres questions: liberté de la presse – accomplissement de la réforme judiciaire – instruction populaire – suppression de l’exil administratif, de l’institution si décriée des gendarmes ruraux, etc., il est difficile de présumer qu’il s’écarte du système d’ordonnances libérales descendant du trône. Il pourra accorder de larges faveurs, sans avoir jamais l’air de reconnaître un droit. On ne peut même pas supposer que des assemblées puissent être appelées à délibérer et à donner leur avis sur ces sujets.

On s’occupe beaucoup des mesures préventives qu’il pourra prendre contre les nihilistes et de la sévérité qu’il montrera à leur égard. Il est présumable que les circonstances seules détermineront sa conduite. Il ne voudra pas se venger, mais il saura prévenir et punir.

III

A l’extérieur, on peut affirmer que le tzar gardera une politique tout à fait pacifique, presque recueillie, une allure de réserve extrême.

Il s’efforcera de conserver ses bonnes relations avec l’Allemagne, pour laquelle son attitude sera sensiblement la même que celle de son père. La France bénéficiera sans doute d’une nuance de sympathie plus marquée, tandis que, dans ses rapports avec l’Autriche, apparaîtra vraisemblablement une apparence de défiance. Dans tous les cas c’en est fini, bien fini, de ce qu’on appelait la triple alliance. On ne la verra plus renaître. Les relations nouvelles de la Russie avec l’Angleterre prendront presque certainement un caractère de cordialité plus grande qui se manifestera surtout par la cessation des tentatives, de la marche en avant de la Russie vers l’Asie. Une considération (toujours prépondérante) qui nous fait prédire cette gracieuseté d’Alexandre III pour l’Angleterre, c’est l’amitié très vive, qui l’unit au prince de Galles.

On s’ingénie dès aujourd’hui à prévoir quelles influences pourront agir sur l’esprit du jeune souverain. Toutes les suppositions sont vaines. Son humeur indépendante lui fera secouer toute pression, de quelque part qu’elle vienne. Il n’est qu’une personne peut-être dont les conseils seront toujours écoutés, sinon suivis: c’est M. Pobédonostsef, fils d’un professeur d’université à Moscou, homme fort instruit, ancien précepteur du tzarewitch et actuellement procureur général au Saint-Synode. Son caractère est élévé, son érudition très large, mais sa piété exagérée en fait un orthodoxe presque fanatique.

Pendant la dernière année du règne d’Alexandre II le nouvel empereur s’est beaucoup rapproché du comte Loris-Melikoff et du comte Miliutine, dont il a apprécié les hautes qualités. Il est à présumer que ces deux personnages conserveront leur poste. Tous les fonctionnaires appartenant au parti allemand seront presque certainement frappés, et les grands-ducs, oncles du tzar, pour qui il ne cache guère son peu de respect et d’affection, tomberont en disgrâce et n’auront, de toute façon, aucune influence d’aucune sorte.

Le grand-duc Wladimir, frère d’Alexandre III, qui vient d’être nommé chef de toute la garde et commandant des forces militaires de Saint-Pétersbourg, exercera dans le règne qui commence une autorité puissante dont est garante la grande amitié de son frère.

IV

Pour résumer en quelques mots la situation, nous verrons probablement un règne où sera justifié jusqu’à un certain point le titre «d’empereur des paysans» qu’on donne dès à présent au tzar. Nous assisterons à de grandes améliorations dans l’état actuel, améliorations qui viseront particulièrement les classes rurales, mais qui s’étendront aussi aux autres classes. Ces dernières réformes porteront surtout sur la direction des finances, l’instruction publique et l’administration, dont la décentralisation est plus que probable.

Mais toutes ces mesures, nous le répétons, viendront d’en haut, comme un effet du bon plaisir, de la libéralité du souverain, qui pourra consentir, comme maximum de concession, à prendre conseil d’une assemblée élue, mais tout en gardant son droit intact de décider en dernier ressort.

A l’extérieur, politique pacifique, politique de douceur, cessation des tentatives vers l’Asie, relations plus ou moins sympathiques, mais froides en général avec le reste de l’Europe, il est probable également que le tzar résistera à la politique radicalement panslaviste à laquelle tâchera de le pousser le parti national slavophile, auquel il est intimement uni.

Quant aux nihilistes qui supposent que l’empereur pourra être amené par la peur à accorder des concessions plus grandes, à donner même une constitution, ils se trompent grossièrement, ignorant tout à fait son caractère et son énergie. Leurs tentatives d’intimidation ne feront que l’arrêter dans la voie libérale où le conduit sa nature; s’il y fait quelques pas, ce ne sera point parce qu’ils l’auront intimidé, mais quoiqu’ils l’aient menacé.

Placés entre le parti ultra-national et la faction nihiliste, les libéraux constitutionnels tâcheront et réussiront peut-être à prouver à l’empereur que les réformes libérales, loin d’ébranler son trône, ne feraient que l’affermir. Puissent-ils le convaincre (car son esprit est large et éclairé) qu’ils ne sont pas poussés par un simple désir d’imiter l’Europe, mais que des modifications profondes dans l’organisation politique du gouvernement sont devenues nécessaires! Les Russes sont de la même race que les autres peuples européens, leur instruction et leur civilisation sont analogues, leurs besoins sont identiques, leur langue obéit à la même grammaire: aussi pourquoi la vie politique du peuple russe ne reposerait-elle pas sur les mêmes assises constitutionelles que celles des nations ses voisines?

La situation sociale, politique et financière de la Russie est certainement grave; et ce n’est pas en vain que, dans son manifeste d’avènement, Alexandre III parle de la lourde tâche qui lui incombe. Un autocrate de génie pourrait y échouer; un souverain honnête homme, s’appuyant sur les forces vives de la nation et les appelant à son aide, a des chances de réussir.

Перевод

Не только в России, но и во всей Европе с беспокойством ожидают первых шагов нового государя, чтобы постараться предугадать, какую он займет позицию, каковы будут в дальнейшем его намерения и весь образ его правления.

На многое надеются. Многого и опасаются. Перебирают всё, что знают о его жизни, и отсюда выводят свои заключения, наконец спрашивают себя: «Не изменит ли в корне ужасная смерть его отца уже сложившиеся у него и известные нам взгляды?»

Мы попытаемся обрисовать, сколько возможно вдумчивее, истинный характер этого государя, проникнуть в него, раскрыть его сердце, вовсе не двойственное и не коварное; и узнав его, как человека, мы постараемся определить и поведение, которого он будет держаться на престоле, если только непредвиденные события не заставят его вступить на дорогу, противную его природе.

I

Александр III обладает многими из тех существенных качеств, которые создают если не великих, то, по крайней мере, хороших и настоящих государей. Всякий человек родится с особыми способностями к той или другой профессии; этот государь кажется рожденным с несомненными способностями к власти.

Он в расцвете сил,[1]1
  …он в расцвете сил… – В момент вступления на престол Александру III было 36 лет.


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здоров телом и духом, у него величественные манеры, царственный вид. Характер у него спокойный, рассудительный, энергичный и уравновешенный. Отличительная черта его, качество, так сказать, обволакивающее собою все другие, это честность, честность щепетильная, абсолютная, без компромиссов и без примесей. Достаточно его увидеть, чтобы почувствовать, что он порядочен с ног до головы, без скрытых мыслей, полный суровой откровенности; но эта чрезвычайная прямота не лишена оттенка упрямства, которое является как бы ее следствием.

Прошлое его известно.

Став наследником престола после смерти своего брата[2]2
  Став наследником престола после смерти своего брата… – Наследником престола Александр стал после смерти (12 апреля 1865 г.) своего старшего брата Николая (род. в 1843 г.).


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и получив до тех пор только чисто военное образбвание, он принялся за работу с замечательным упорством и силой воли, стараясь сделаться достойным великого трона, на который ему предстояло взойти; надо сказать, впрочем, что новый царь скорее склонен сомневаться в себе, в своих знаниях и уме, – это истинная скромность перед лицом того высокого положения, куда возводит его судьба, – скромность, не исключающая, однако, ни последовательности, ни энергии в проявлении воли.

Единственный, пожалуй, из всего своего рода, он целомудрен и всегда был таким. В собственной семье он часто выказывал свое глубокое отвращение к распущенности.

Люди, которые воспитывались вместе с ним, уверяют, что даже ребенком он никогда не лгал. И в правилах своей искренности он заходит так далеко, что даже в тот момент, когда ему пришлось, по политическим соображениям, взять в жены невесту своего покойного брата, он не скрыл от нее, что любит другую женщину, княжну М…, которая впоследствии стала женой знаменитого богача г. Д…[3]3
  …в жены невесту своего покойного брата, он не скрыл, что любит ~ княжну М…, которая впоследствии становится женой знаменитого богача г. Д… – 28 октября (9 ноября) 1866 г. Александр женился на дочери датского короля Христиана IX принцессе Луизе Софии Фредерике Дагмаре, принявшей имя Марии Федоровны. (1847–1928); княжна М… – фрейлина Мария Элимовна Мещерская, о которой сам Александр упоминает в своем дневнике (под прозрачными инициалами «М. Э.»). В 1867 г. княжна Мещерская вышла замуж за Павла Павловича Демидова – с 1872 г. князя Сан-Донато (1839–1885), и 26 июня 1868 г. умерла от родов.


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Это признание, кстати, встретило отклик, ибо его невеста не скрыла от него своей страстной любви к его брату. И, несмотря на это, они образовали супружество примерное и удивительное по согласию и постоянству привязанности.

Много говорили о симпатии, которую он, по-видимому, испытывает к одним нациям, и антипатии, которую ему приписывали в отношении других. Распространялись также разные легенды, например, история о разбитом стакане и т. п., которые представляют чистейшую выдумку. Всё, что о нем можно сказать, это то, что он русский и только русский. Он представляет даже замечательный пример влияния среды согласно теории Дарвина: в его жилах течет едва несколько капель русской крови[4]4
  …в его жилах течет едва несколько капель русской крови… – Последней русской по крови царицей была дочь Петра I Елизавета Петровна (1741–1761), после смерти которой российский престол занимали иноземцы (голштинец Петр III, немка Екатерина II и их потомки).


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и, однако, он до того слился с этим народом, что всё в нем – язык, привычки, манеры, даже самая физиономия отмечены отличительными чертами расы. Где бы его ни увидели, везде назвали бы его родину.

Утверждают, что он ненавидит немцев. Но при этом смешивают немцев из Германии с русскими немцами: этих последних он действительно совсем не любит.

Уверяют, что Францию он любит больше всех других наций.[5]5
  Уверяют, что Францию он любит больше всех других наций. – Французские симпатии Александра III проявились еще в бытность его наследником. В отличие от Александра II, во время франко-прусской войны 1870–1871 гг. он сочувственно относился не к немцам, а к французам (см.: Вопросы истории, 1966, № 8, с. 131).


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В этом французский шовинизм, быть может, преувеличивает. Правда об этой симпатии, которую ему давно приписывают, такова:

До 1870 г. он выказывал весьма либеральные чувства; он, казалось, был связан сердечными узами с французскими республиканцами. Сюда входило, главным образом, нескрываемое отвращение к императору Наполеону,[6]6
  …отвращение к императору Наполеону… – к Наполеону III (1808–1873); с 1852 по 1870 гг. императору французов.


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двойственность которого, привычка к хитростям и интригам оскорбляли все его честные инстинкты. Но когда наступила Коммуна,[7]7
  …когда наступила Коммуна… – Об отношении Тургенева к возникновению во Франции диктатуры пролетариата – Парижской коммуны (18 марта – 26 мая 1871 г.) см. его письма этой поры (Т, ПСС и П, Письма, т. IX).


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на него нашел яростный гнев против всех делателей кровавых революций; и он не раз повторял с некоторой досадой по поводу своих минувших убеждений: «Так вот до чего все это доводит!».

И только с тех пор, как республика начала проявлять благоразумие, в нем произошел, как кажется, новый возврат симпатии к Франции.

В общем же и Франция и Германия занимают мало места в его сердце. Он только русский. Он любит и покровительствует только русскому искусству, русской музыке, русской литературе, русской археологии. Он основал в Москве большой национальный музей.[8]8
  Он основал в Москве большой национальный музей. – В 1872 г., по инициативе И. Е. Забелина, А. С. Уварова и других историков, положено было начало организации Исторического музея Александра III, Здание музея (на Красной площади) строилось в 1875–1881 гг. Первые десять его залов открыты 27 мая 1883 г.


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По той же причине он и ревностный православный; его благочестие искренне и непритворно.

В своей стране большую часть своей любви он отдает крестьянам; и на долю крестьян выпадут его самые щедрые милости; о крестьянах думал он даже в день смерти своего отца, в момент издания своего первого указа, напоминая о том, что впервые поселяне, ставшие свободными, призваны принести присягу.[9]9
  …о крестьянах думал он ~ в момент издания своего первого указа, напоминая о том, что впервые поселяне, ставшие свободными, призваны принести присягу. – Первый указ «О приведении крестьян к присяге» был дан Сенату 1 марта 1881 г. (Собр. узак. 1881 г., 2 марта, с. 132). Указ этот был продиктован не «любовью» к крестьянам, освобожденным от крепостной зависимости, а заботой об укреплении положения нового царя.


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Но если его благодеяния должны коснуться крестьян, то его строгость неизбежно настигнет всю, сверху донизу, русскую бюрократию, о хищениях и гнилости которой ему всё известно. Когда ему пришлось командовать войсками, он не мог сдержать своего честного возмущения хищениями, свидетелем которых он был даже в своей собственной семье. По-видимому, он твердо решил положить этому конец; и чистка продажных чиновников даже уже началась.


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