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Автор книги: Андрей Андреев


Жанр: Зарубежная образовательная литература, Наука и Образование


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10. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg, à la fin de novembre 1802]


Sire,

Votre Université de Dorpat, sur le point de recevoir de la bienveillance de V. M. I. une nouvelle organisation vivifiante, sent le besoin d’avoir en Allemagne un Correspondant littéraire qui l’instruise promptement des principaux événements de la littérature étrangère, tels que encans considérables de livres, apparition de nouveaux ouvrages d’importance, nouvelles découvertes dans les sciences etc. – et qui lui fournisse en outre des renseignements sur la personne de plusieurs savants et artistes qu’il importe à l’université de connaître, et se charge de différentes commissions relatives à ces objets.

Or, Sire, nous avons trouvé un sujet très propre à cette place dans la personne du Conseiller de collège Doppelmayer qui a servi avec distinction pendant 17 ans en qualité de Docteur de Gouvernement à Moscou, puis de médecin de la Cour sous le règne de Sa Majesté l’Empereur défunt dont il avait l’honneur d’être connu personnellement. Des infirmités provenant d’une double fracture à la cuisse l’ayant mis hors d’état de faire son service, il obtient son congé avec une pension de 2000 Roubles, et s’établit dans la ville de Dorpat depuis l’érection de l’Université. Ses infirmités augmentant de jour à jour, ce brave homme désirerait jouir du climat moins âpre de l’Allemagne méridionale devenu absolument nécessaire à sa conservation. Mais en même temps il s’estimerait heureux de tenir encore à la Russie et en quelque sorte à Votre Majesté Imperiale par une tâche qui ne soit pas au-dessus de ses forces. L’ouvrage d’une correspondance assidue avec notre Université conviendrait parfaitement à son activité intellectuelle et morale, et à son désir d’être utile, et je suis chargé, Sire, de supplier V. M. I. au nom des membres de l’Université et du Conseiller Doppelmayer de lui imposer ce devoir, en lui accordant la permission de jouir à l’étranger de la pension qu’il tient de Votre auguste Prédécesseur1.

Sire, en demandant cette nouvelle grâce à V. M. I. je sens que j’augmente la masse de mes dettes envers Vous, et que notre reconnaissance – Non, je ne me chargerai pas de ce devoir. Que l’université trouve elle-même le moyen de Vous exprimer ses sentiments. Vous savez, Sire, combien peu je suffis à exprimer les miens. —

11. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg, 4 décembre 1802]1


Sire,

Chaque jour, presque chaque heure amène une nouvelle objection du Comte de Sawadovsky contre l’acte de fondation que V. M. I. avait déjà approuvé et cet ouvrage conçu avec tant de soins, fondé par les principes les plus équitables, amendé par les observations de Messieurs de Novossilzof, de Czartorinsky, de Pototsky, Stroganoff même, avoué par le Général Klinger, perfectionné par Votre Majesté elle-même enfin, à qui il ne manquait plus qu’une formalité, va devenir inconséquent sous la plume de Ministre de l’instruction publique2.

Je souffre doublement, d’un côté de voir inventer des défauts à un ouvrage qui ne doit respirer que la justice et la saine raison, d’un autre de savoir qu’il paraîtra sous Votre auguste nom.

Sire! Il était dans le bonheur que je cherchais pour moi-même dans cet ouvrage l’idée de Vous voir devenir là l’idole des gens de lettres, de l’étranger comme Vous êtes le nôtre. Et l’on veut m’arracher cette jouissance! Sire! Je n’ai plus qu’une prière. Daignez avant de décider, m’accorder dix minutes d’audience – puis disgraciez-moi.

Vous seul pouvez sentir ce qu’il m’en coûte à prononcer ce mot fatal. Vous seul savez ce que j’y perds. Mais mon devoir parle, et je dois à l’université, à Vous-même, de sacrifier ce que j’achèterais chaque jour un prix de mon sang, sans croire l’avoir payé.

Sire! j’attends Vos ordres3.


Le plus heureux ou le plus malheureux de Vos sujets

Parrot

12. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat, 23 décembre 1802]1


«Grosser Geist! der Welten schuf um sie zu beglücken! Wache über unseren Monarchen. Erhalte uns unseren Alexander. Nimm, o nimm von unserem Leben um das Seinige zu verlängern!»2

Tels furent, Sire, les derniers mots de la publication de l’acte bienfaisant que nous devons à Votre Majesté. Tels sont les sentiments qui pénètrent nos cœurs.

Sire! Si le vrai sentiment a réellement le pouvoir magique de se faire reconnaître sous quelques dehors qu’il se présente, malgré la distance énorme de Votre Majesté à nous, Votre grand cœur Vous dira que l’Université de Dorpat n’a qu’un sentiment pour Vous, qui n’a dans aucune langue aucune expression assez pure: la flatterie a corrompu toutes les langues. Soyez Vous-même, ô le plus chéri des Monarques! l’interprète de nos cœurs. Mettez Vous à notre place. Imaginez qu’un grand homme ait sacrifié ses soins, ses veilles, son repos pour Vous arracher à l’oppression, pour Vous ouvrir une carrière sublime, celle d’éclairer les peuples. – Ce que Vous sentiriez pour cet Être supérieur, nous le sentons pour Vous; le dévouement sans bornes que Vous auriez pour lui, nous l’avons pour Vous sans réserve.

Sire! Régnez sur nos cœurs.


Au nom des membres de l’Université impériale de Dorpat

Parrot

13. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat, au début de janvier 1803]


Sire,

Parmi tant d’heureux que la générosité de V. M. I. a faits en comblant de bienfaits notre Université, il est quelqu’un qui a souffert, notre ci-devant vice-curateur le Mr. d’Ungern-Sternberg, qui avait fait plusieurs sacrifices pour remplir une place qui depuis est devenue inutile par l’acte de fondation1. L’Université désire unanimement effacer tout sujet de mécontentement ou de chagrin de sa part en lui accordant 1000 Rbl. de pension viagère. Elle peut le faire sans causer un tort notable aux établissements qu’elle doit soutenir. Veuillez, Sire, lui en accorder la permission; outre les raisons que Votre cœur magnanime Vous suggèrera, il en est une qui tient de trop près aux circonstances pour oser la taire à V. M. I.

Ayant joui du bonheur ineffable de traiter de l’affaire de notre nouvelle fondation avec Votre personne chérie, Sire, le vulgaire suppose que j’ai abusé de ce bonheur pour agir contre nos curateurs. J’ai fait le contraire; il est dans mes principes de faire mon possible pour dédommager le vice-curateur, n’ayant pu conserver cette place, et je crois y être d’autant plus obligé que nous avons paru depuis longtemps mécontents l’un de l’autre, sûr que V. M. m’honore de trop de confiance, pour supposer quelque connivence entre le Baron d’Ungern et moi. Ayant augmenté le nombre de mes ennemis par les succès que l’Université doit aux grâces particulières de V. M. I., daignez m’accorder la satisfaction qu’il n’en existe aucun qui ait un prétexte fondé, ne fut-ce qu’en apparence, de l’être.

J’avais écrit à cet égard au Ministre de l’instruction publique. Mais comme je ne pouvais lui communiquer ces raisons, pardonnez moi la liberté que j’ai prise de Vous les offrir. Sire! Est-il un genre de confiance que Votre cœur, que Votre esprit, que toute Votre personne n’inspire? O Vous m’avez élevé à une grande hauteur.

Je lui écris une seconde fois, parce ce que le Général Klinger que je croyais déjà nommé au département de notre Université, m’a renvoyé ma lettre, ne pouvant la remettre officiellement, parce qu’il n’est pas encore nommé. Daignez, Sire, le faire nommer, conformément à Votre promesse. Nous aurons doublement besoin de lui, si la personne, à qui nous sommes redevables de notre première constitution et de tant d’esclavage, entre dans la commission des écoles2.

Que le ciel veille sur Vos jours! Qu’il Vous accorde un bonheur égal à celui dont Vous m’avez comblé!

Parrot

14. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat, à la veille du 30 janvier 1803]1


Sire!

Je me suis acquitté de la commission, que Vous m’avez donnée2. Puisse-je m’en être acquitté de manière à prouver à V. M. que j’ai senti tout ce qu’elle contient d’honorable pour moi! Croyez, Sire, que j’en suis touché, que jamais je n’oublierai combien Votre confiance m’élève, et que le souvenir que mon cœur en conserve me donnera la force de remplir tous mes autres devoirs. Recevez, Sire, mes actions de grâces pour ce nouveau bienfait.

Le Comité a surpassé mes espérances, et V. M. reçoit en ce moment un ouvrage aussi parfait que les circonstances le permettent. Pardonnez moi cette expression, Sire, parce que j’y ai eu la moindre part, tout le temps que j’ai pu dérober à ma santé et à mes autres devoirs me n’ayant pas permis d’y travailler autant que je l’enviais. Daignez honorer cet ouvrage de Votre approbation, mais d’une approbation qui mette le sceau au bonheur de deux petits peuples célèbres par les maux qu’ils ont soufferts et dignes par là de votre sollicitude paternelle3. Surtout veuillez Vous persuader que si sous Votre règne le bien ne se fait qu’à demi, sous un autre il ne se fera pas du tout. Les préjugés et les prétendus droits des oppresseurs ont été assez longtemps ménagés, pour que Vous puissiez, sans dureté, faire valoir Vos droits ou, si Vous voulez, Vos devoirs de Père du peuple. Jouissez du temps présent. L’avenir n’est pas en Votre main. Si le sang des martyrs pouvait servir de preuve pour une opinion, Sire, je Vous offrirais le mien pour sceller la vérité de celle que je viens de soumettre à Votre décision, et je mourrais heureux d’avoir contribué par mon sacrifice au bonheur de tant d’hommes et au Vôtre.

J’attends le retour de Sivers avec une impatience inexprimable. J’espère qu’il m’apprendra que j’ai réussi!

15. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 16 février 1803


Sire,

J’ai vu le conseiller Sivers à son passage. Il a exécuté l’ordre de V. M. I. à mon égard, et exigé que je Vous en fasse le rapport1. Ce que j’éprouvai en apprenant que j’ai causé du déplaisir à V. M. est inexprimable, et la manière indulgente dont Votre cœur magnanime me l’a fait savoir, au lieu de me consoler, m’en rend le souvenir plus amer. L’image pure que je me faisais de mes relations vis-à-vis de V. M., cette image qui devait faire les délices de ma vie, qui devait me consoler de tous les injustices que j’aurai à essuyer, elle n’est plus la même: Elle a une tache! Je suis soupçonné d’avoir voulu par ma vivacité porter V. M. à prendre des mesures peu convenables. Il m’est impossible de dire un mot pour ma justification, dusse-je réelement paraître coupable. – Coupable? Envers Votre personne! – Peut-être apprendrez Vous un jour, Sire, lorsque je ne serai plus, quels furent mes sentiments pour Vous. Non, Vous ne les connaissez pas encore. Vous jugerez alors si Votre personne m’était sacrée, et s’il était dans l’ordre des choses possibles que je deviens coupable.

Mais il est dans l’ordre des choses qu’après avoir été au faîte du bonheur le temps des sacrifices succède à ce temps de prospérité. En osant m’approcher de V. M. pour le bien de mes semblables, je n’ai pas fait de pacte avec la fortune, et si Vous avez oublié, Sire, que je Vous ai promis de sacrifier même ma réputation au bien public, mon devoir présent me le rappelle, et j’écris par le même courrier au Ministre de l’intérieur pour terminer une affaire qui, à ce que je crois, ne peut l’être pas que je paie de ma personne2. Puisse-je obtenir en ceci l’approbation de Vertu!

Sire! Vivez heureux! Ces mots renferment les vœux les plus chers de mon cœur.

16. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 16 avril 18031


Sire,

À peine quatre mois sont écoulés depuis le 12 décembre doublement cher à nos cœurs, où Votre Majesté Impériale signe l’acte de la régénération de notre Université. Après tant de soins voués de la part de V. M. I. à cette constitution, Vous aviez, Sire, assurément le droit de regarder la chose comme terminée.

La noblesse du gouvernement de Livonie se place sous un autre point de vue; prévoyant dans nos droits des dangers pour ses prétendus privilèges elle se prépare à des réclamations2. Je le sais, Sire, ces réclamations ne sont que ridicules. Nous avons Votre parole sacrée, et j’y crois, et j’y croirai aussi longtemps que je serai capable d’un sentiment honnête. Aussi ce n’est pas la crainte qui m’engage à prévenir V. M. La crainte ne fut jamais mon faible. Mais on nous attaquera personnellement, et surtout moi, comme on l’a déjà fait en pleine diète, et si avant d’être instruit de la vérité Vous croyez, Sire, devoir me demander une justification de l’Université et de moi-même, alors mon devoir me forcera à Vous offrir le tableau de l’administration de nos ci-devant curateurs – une démarche que j’ai évitée jusqu’à ce jour, démarche que j’ai tenue pour ignoble lors de mon séjour à Pétersbourg, démarche qui offrirait au cœur sensible de V. M. la triste nécessité de punir des fautes sur lesquelles il vaut mieux jeter le voile.

Voilà, Sire, les raisons qui m’engagent à faire usage en ce moment de la confiance particulière dont Vous daignez m’honorer.

Dans l’impossibilité où l’on est de faire à l’Université en corps des reproches sur l’observation de ses devoirs, on attaque le caractère moral de ses membres actuels, on les charge surtout d’un double reproche. On prétend qu’ayant le choix des professeurs qui doivent remplir les places vacantes nous ne choisissons que des sujets médiocres pour ne pas paraître trop petits à côté d’eux. Sire, que la commission générale des écoles réponde à cette indigne inculpation3. Elle Vous nommera Gaspari, Scherer, Sonntag, Krause, Isenflamm en nombre de nos nominations, hommes respectables qui feraient honneur à quelque Université que ce fut. Depuis plusieurs mois nous travaillons pour les mathématiques à enlever à Stuttgart la principale colonne de son université, et à Helmstädt la fleur de ses professeurs. Pour la partie de la jurisprudence très difficile à compléter nous nous sommes adressés au fameux Pütter, assurément juge compétent dans cette partie. Sire, les poids sont dans la balance. Prononcez!

Le second grief de la noblesse livonienne contre nous est pris de ses relations vis-à-vis d’un cultivateur de la province. Elle prétend que nous nous mêlons de ces relations. Je m’abstiens de parler des droits que chaque citoyen, que tout être moral a de juger actions publiques de ses semblables, je ne rappellerai pas à V. M. I. que lors de la 1re fondation de l’ancienne université de Dorpat le Gouverneur général de Livonie, Estonie et Ingermanland déclara aux professeurs au nom de Gustave Adolphe que cette université était fondée non seulement en faveur de nobles et bourgeois, mais aussi en faveur des fils de paysans à qui on avait jusqu’alors défendu toute espèce d’instruction, qu’ensuite en s’adressant aux députés des provinces présents à cette inauguration il leur dit que rien ne pourrait mieux contribuer à bannir la barbarie de ces provinces que cette université et que quiconque méconnaîtrait ce bienfait serait regardé comme ingrat (Hist. de Livonie par Kelchen4, p. 553).

Vous connaissez, Sire, les droits de l’homme; ils sont gravés dans Votre cœur magnanime. Vous connaissez les devoirs de l’homme en place; Vous êtes notre sublime modèle. Vous jugerez si nous devons être insensibles aux oppressions du despotisme dans ces provinces dont la culture nous est confiée, culture qui est absolument impossible pour le maître comme pour l’esclave, tant que les relations présentes subsisteront.

Sire, ne Vous trompez pas à la chaleur de ces expressions. Je n’ai point à justifier l’université d’avoir trop fait à cet égard. Elle n’a rien fait. Je provoque là-dessus tous nos détracteurs. Je suis le seul qui ait pris une part directe à ces grands intérêts de l’humanité, parce que je suis le seul qui par mes relations précédentes ait une connaissance entière de ces relations, et c’est par moi seul que retombe toute la faute s’il s’en est commis. Le seul acte auquel l’Université puisse être causée avoir pris part, est la réfutation du mémoire de Zimmermann par la faculté de philosophie5. Mais la chose est restée exactement renfermée entre les membres de cette faculté, et le public en ignore le contenu. Du reste nous observons dans nos discours et dans nos leçons le silence le plus absolu sur cette matière jusqu’à ce que la fermentation soit passée.

Quant à moi j’ai touché deux fois publiquement cette corde délicate. La 1re dans mon discours tenu à l’inauguration de l’Université6. Pressé la veille de cette inauguration de tenir un discours et n’y étant nullement préparé, je choisis pour ne pas faire honte à cette belle journée, une matière qui m’est familière, l’influence de l’étude de la nature sur la culture intellectuelle et morale de l’homme. À la fin, après avoir parlé en général de la reconnaissance que tout homme, surtout la jeunesse, doit à la classe laborieuse dont nous apprenons à estimer le travail par les connaissances que nous fournissent les sciences physiques je m’adresse aux étudiants en ces termes: Permettez-moi, Sire, de Vous livrer une traduction fidèle de ce passage.

«Jeunesse, dont la culture est dès aujourd’hui notre devoir le plus sacré, vous surtout de qui dépendra un jour le bien-être du cultivateur de ces provinces, oubliez que le sort vous a placés dans un rang plus élevé que cette classe d’hommes laborieux, vos pères nourriciers. Resouvenez-vous plutôt des moyens que vous avez de leur procurer plus de jouissances. Ce sont eux qui vous nourrissent depuis le berceau jusqu’au tombeau. Tous vos plaisirs, toutes vos jouissances sont le fruit de leurs pénibles travaux. Ne les méprisez pas à raison de leur peu de lumières. Avec aussi peu de moyens qu’eux vous resteriez en arrière comme eux, et le peu de progrès de la classe laborieuse est malheureusement la condition nécessaire à vos progrès. Pendant que vous jouissez ici tout ce que les sciences et les arts offrent à votre zèle pour avancer dans la carrière des lumières, le cultivateur labourera pour vous votre champ; il employera pour vous, pour vos lumières ses travaux pénibles, sa journée, une partie de ses nuits, et restera par là même en arrière dans sa propre culture. Soyez donc reconnaissants, honorez une classe d’hommes qui vous fait tant de sacrifices. – Loin de moi l’idée d’oppression. Je parle à une jeunesse dont le cœur, j’espère, est encore ouvert à tous les sentiments nobles. Oui, vous êtes persuadés que vos pères nourriciers ont droit à quelque chose de plus qu’une étroite subsistance, qu’ils ont droit à votre reconnaissance, à votre estime, à notre reconnaissance, notre estime».

Sire, si j’avais besoin d’une justification pour ces principes, je l’aurais trouvée dans l’attendrissement général qu’ils ont causé. Plus d’un homme dur présent à ce discours s’est surpris à avoir les yeux humides, et ce n’est qu’à la réflexion, lorsque l’égoïsme eût fait taire le sentiment, qu’on m’a fait un crime de ce passage.

La seconde et dernière fois où j’ai fait mention du paysan en public fut en passage de V. M. et c’est en peu de mots que j’ai eu le bonheur ineffable d’oser Vous dire à cette occasion que je dois vraisemblablement Votre bienveillance particulière et la haine de la noblesse. Je me suis chargé de cette haine, volontierement, après en avoir été expressément menacé par les curateurs quelques instants avant Votre arrivée. Je me chargeais de bien davantage, si mon cœur se fût trompé dans l’avis qu’il s’était fait de Votre Majesté. Le mot fatal prononcé mettait tout mon sort, toute mon existence dans Vos mains. Votre réprobation eût légitimé la haine de la noblesse, et je ne pouvais pas même compter sur l’attachement secret des hommes intègres qui ne jugent pas des motifs par l’évènement. Vous commenciez déjà à faire les délices de l’Europe.

Mais cet instant était sacré. L’humanité le revendiquait. J’osai le lui donner, j’osai forcer notre conseiller intime à Vous recevoir à la tête de l’Université, sinon d’une manière digne de Vous au moins d’une manière qui exprimait notre reconnaissance pour l’honneur que Vous nous faisiez7. Quelques heures avant Votre arrivée il était encore décidé qu’on recevait le Monarque de la Russie, un froid rapport à la main! Sans connaître tous ces détails, Sire, Votre grand cœur m’a justifié, à présent qu’il les connait il ne me condamnera pas.

Dès lors je m’abstiens de tout propos public sur cette matière (tous mes discours sont entre les mains de V. M.), et j’évite à dessein pendant les circonstances actuelles d’en parler dans mes entretiens particuliers avec les étudiants. Du reste j’emploie au moins 14 heures la journée à remplir mes devoirs de recteur et de professeur; les heures du repas et le reste du soir sont pour ma famille, en sorte que quand même j’en aurais l’intention, il me serait impossible de me répandre dans les sociétés pour y prêcher les principes dont on m’accuse.

Voilà, Sire, ce que j’ai à dire pour la justification de l’Université et la mienne, sans attaquer personnellement nos détracteurs. Si j’ai quelque tort dans cette justification, si je me suis oublié quelque part, daignez, Sire, ne pas oublier que Vous connaissez à peine la dixième partie des mesures avilissantes qu’on avait prises contre nous: je les ai tues même au brave avocat <Klinger> que Vous nous avez donnés. Pardonnez-moi les élans involontaires du sentiment. Mais comment Vous écrire et maîtriser mon cœur? Il se révolte d’être forcé de Vous parler de la perversité humaine. Votre vrai règne n’est pas de ce monde.

Parrot


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