Автор книги: Андрей Андреев
Жанр: Зарубежная образовательная литература, Наука и Образование
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51. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 18 mars 1805
Sire!
Le moment décisif pour les écoles paroissiales approche. Dans quelques heures Vous prononcerez sur cet objet si important. Pardonnez-moi l’inquiétude que j’éprouve; j’ignore encore tout ce qu’on Vous proposera. S’il est impossible que j’en sois informé avant la décision, Sire, daignez relire l’exposé que je Vous donnai au commencement de janvier, pour Vous en rappeler les détails qui naturellement pouvaient Vous échapper confondus dans la foule d’objets que Votre Empire Vous offre.
Permettez-moi au même temps de Vous rappeler l’objet des requêtes. Il est d’une bien grande importance; chaque jour m’en donne de nouvelles preuves.
Sire, je conçois, je sens qu’il doit Vous en coûter de m’écouter. Vos bontés pour moi choquent le vulgaire des Grands qui me connaissent assez mal pour me craindre. Lorsque ces deux objets seront terminés je rentrerai dans une cellule, heureux et content des souvenirs précieux que j’y emporterai, heureux surtout pour la médiocrité de ma situation que rien au monde ne me fera changer.
Vivez heureux, Sire! Faites tout le bien possible, et veuille la providence armer Votre cœur contre la douleur de ne pas pouvoir faire tout le bien que Vous voulez faire.
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Votre Parrot
52. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 20 mars 1805
Sire,
Il m’en coûte au-delà de tout ce que je puis Vous dire de Vous importuner de nouveau. Mais l’objet est pressant et douloureux pour moi quoique de moindre importance que les écoles paroissiales.
J’ai enfin appris une des raisons qui font que l’on me cache le résultat de la dernière séance de Directoire. Il est question d’envoyer à Dorpat une commission pour faire la révision des bâtiments de l’Université; c’est à présent qu’ils sont à peine au tiers de leur exécution qu’on veut nous faire cet affront inouï qui nous perdra dans l’esprit du public dans un moment où l’Université a tant besoin de l’estime des provinces pour consommer l’ouvrage de l’instruction publique qu’elle a commencé avec tant de succès. Sire! Nous rendons chaque mois à notre Curateur un compte détaillé de nos bâtiments; chaque millier de briques, chaque poutre, chaque planche, chaque journée de travail est indiquée et calculée. Le Curateur a vu les travaux, les a examinés et a fait son rapport. Quand l’ouvrage sera fini, qu’on fasse, Sire, des examens tant qu’on voudra; qu’on envoie des commissions s’il le faut. Mais nous troubler au milieu de l’exécution, mais décourager l’honnête Krause et toute l’Université, c’est un outrage qu’on ne se permet pas à l’égard du plus simple architecte de Pétersbourg, malgré qu’on connaisse assez les profits immenses que ces gens-là font.
Sire! je Vous supplie de m’entendre là-dessus. Accordez-moi encore quelques instants. J’ai tant de choses à Vous dire! Ces moments ne seront pas perdus pour le bien public. O que ne puis-je Vous tout dire sans Vous voir! Quelques délicieux que soient pour moi ces instants que je passe avec Vous, je les sacrifierais volontiers pour ménager des préjugés qui Vous font souffrir. Mais en m’entendant à présent Vous Vous épargnerez des désagréments pour l’avenir. J’espère Vous faire des propositions capables de tout terminer à la fois. Mon Héros! Mon Alexandre! Soyez sûr que je n’abuserai pas de Vos sentiments pour moi, Votre Cœur Vous en avertirait à l’instant. Je suis à la lettre
Votre Parrot
53. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 28 ou 29 mars 1805]1
Je regrette beaucoup de n’avoir pris en un moment à moi tous ces jours-ci, pour Vous recevoir; mais je suis extrêmement occupé, dès que je serais un peu plus libre, je Vous verrai. En attendant, il n’a jamais été question d’envoyer une commission à Dorpat pour examiner les bâtisses, car Samedi passé j’ai donné l’ordre, qu’on débourse une somme de 100 000 R. pour cette année, pour subvenir à Vos dépenses extraordinaires.
Mais j’ai à Vous parler de choses, qui me peinent beaucoup. Il y a quelques jours, j’ai reçu un rapport sur les nouveaux désordres, commis par Vos étudiants2. Cela passe toute permission et il m’est impossible de tolérer des choses pareilles; ce n’est plus, comme Vous me l’avez dit, une ou deux têtes chaudes, c’est 50 à la fois qui ont commis les désordres les plus criants sans y être le moins du monde provoqués. Enfin personne ne me persuadera qu’avec une surveillance active on ne puisse prévenir et empêcher des choses pareilles. D’où vient qu’à Wilna ou Moscou rien de pareil n’arrive? L’éducation de Dorpat se recommande mal par des histoires dans ce genre. Si cela arrive encore, je serai obligé d’ôter la juridiction à l’Université, car encore une fois je ne puis tolérer des choses pareilles. Quant à Vous, je suis fâché que Vous pouvez Vous forger des inquiétudes sur mon compte: je suis et serai toujours le même.
Tout à Vous.
[Paraphe]
54. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 4 avril 1805
Sire!
J’ai été si profondément attristé du sentiment vif que les désordres des étudiants de Dorpat Vous ont inspiré que, pour Vous en épargner un souvenir inutile, je m’étais promis de ne pas Vous écrire avant d’avoir le bonheur de voir1. Mais je ne puis – Mon cœur me dit combien Vous avez dû souffrir à m’écrire là-dessus avec tant de sévérité. Je ne chercherai point à affaiblir les motifs de cette sévérité par les raisons que je pourrais avoir à alléguer. Vous êtes courroucé; je dois donc Vous épargner à l’avenir ce sentiment pénible. J’ignore si j’y réussirai. Mais j’y travaillerai et pour cet effet je briguerai pour le mois de juillet prochain la place de Recteur avec tout le zèle d’un ambitieux. Vous saurez alors ce qu’il est possible d’obtenir à cet égard et Vous nous jugerez. O si je parviens à Vous satisfaire tant soit peu je serai infiniment récompensé de ce sacrifice. En attendant, Sire, usez de clémence, et daignez Vous souvenir que si l’Université fait son devoir à tant d’autres égards, elle ne peut pas s’oublier de propos délibéré sur celui-là.
Sire! La manière dont Vous avez décidé sur nos besoins pécuniaires est une nouvelle preuve de la bonté ingénieuse que Votre cœur magnanime met dans tout ce qui nous regarde. Ce que Vous me dites sur moi-même cimente à jamais mes plus douces espérances. Daignez couronner Votre ouvrage en terminant bientôt l’objet le plus important de ma mission. Paques est à la porte; pardonnez mon empressement au sentiment de mes devoirs.
55. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 8 avril 1805]1
J’ai reçu du Ministre le plan pour les écoles, et avec une opinion différente de plusieurs membres. Je suis à examiner le tout dès que la chose sera terminée, elle ne souffrira plus de retard. Vous Vous trompez beaucoup de me voir courroucé; sans l’être le moins du monde je suis ennemi déclaré du désordre et voilà tout.
[Paraphe]
56. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 13 avril 1805
Sire!
Depuis plus 15 jours je suis informé par Mr. de Novossilzoff lui-même des idées qu’il Vous a présentées par le Ministre sur les écoles paroissiales. La discussion que j’ai eue avec lui m’a paru ébranler un peu son opinion, elle n’a pas été assez longue pour le persuader. J’ai balancé tout ce temps à le réfuter parce qu’il m’en coûte d’être pour la première fois d’un avis diamétralement opposé au sien. Vous connaissez mon estime et mon attachement pour lui. Mais je tremble enfin que ses raisons ne Vous paraissent décisives, parce que dans le mémoire que je Vous ai présenté je ne supposais pas la possibilité qu’on partît du principe d’où il part. Pardonnez, Sire, à l’inquiétude qui me dévore jour et nuit le besoin que je sens de plaider encore une fois la cause des écoles paroissiales.
Le résumé de l’opinion de Mr. Novossilzoff est que les écoles paroissiales sont superflues et même nuisibles, et qu’il faut mettre en bon état les écoles primaires1. Les moyens qu’il propose sont pris dans la bonne volonté des seigneurs et dans une inspection détaillée et ferme de la part de l’Université.
Je crois avoir prouvé la nécessité d’une instruction précise au moins d’une partie de la classe des cultivateurs pour lui fournir des représentants réels dans les tribunaux et les autres emplois du commerce, et pour former des précepteurs pour les écoles primaires. Le plan que l’Université propose, le seul soutien possible de la constitution que Vous avez donnée au paysan2, fournira après certain nombre d’années les moyens de mettre les écoles primaires au niveau où Mr. de Nov. veut les avoir, et où je veux également, sans que la couronne ou la noblesse se charge des frais de cette partie importante de l’instruction.
Assigner l’instruction du paysan sur la bonne volonté des seigneurs c’est couper l’arbre à la racine. Depuis tant d’années chaque jour nous prouve l’impossibilité de réussir de cette manière. L’opinion de la majorité de la noblesse est décidément contre l’instruction d’une classe d’hommes qui n’est pour elle qu’une machine vivante. La bonne volonté de la petite minorité se trouvera écrasée comme toujours si elle n’est pas soutenue. Le seul soutien que Mr. de Novossilzoff lui donne consiste dans des ordonnances précises et dans la vigilance de l’Université. Or il existe du temps immémorial des ordonnances aux dernières desquelles la précision ne manque pas, et la Régence, la seule vraie autorité dans les provinces, était spécialement chargée de l’exécution. Le seul changement réel est donc que la vigilance de l’Université est substitute à celle de la régence. Voyons ce que l’Université pourra faire.
Les écoles primaires, en tant qu’entretenues par la noblesse seront regardées par ce corps comme sa propriété. Vous en avez des preuves authentiques dans les débats que l’Université a eus et a encore pour les nôtres écoles. Il faudra donc un acte d’autorité pour lui ôter cette idée de propriété; il faudra prescrire pour chaque terre la quantité et l’espèce de moyens à employer pour entretenir les écoles primaires et ces moyens seront dix fois plus grands que pour les écoles paroissiales; par conséquent le propriétaire se trouvera dix fois plus chargé; et même bien davantage. Car pour les écoles paroissiales je ne demande par paroisse qu’une seule maison et deux précepteurs dont l’un existe déjà. Pour les écoles primaires il faudra pour chaque paroisse dix maisons et dix précepteurs3. L’entretien des écoles paroissiales a déjà des fonds considérables auxquels il suffit des additions que j’ai espéré obtenir de Votre générosité pour les mettre dans toute leur vigueur. Les écoles primaires n’ont aucuns fonds assignés et tout leur entretien devient un impôt que la noblesse regardera comme exorbitant. La noblesse n’a pas l’ombre d’un prétexte de plainte contre l’érection des écoles parroissiales et nous n’aurons que des marées sourdes à combattre tandis que les écoles primaires exciteront les plus fortes réclamations.
Quant à l’exécution dont l’Université sera chargée, voyez, Sire, dans quelle mer d’obstacles on nous précipiterait. La Livonie seule contient au moins 600 propriétaires, tandis qu’elle n’a que 105 paroisses. Ainsi le travail est sextuple. Où trouver la quantité suffisante d’inspecteurs? Et quand on les trouverait, les sommes nécessaires pour leur appointements surpasseraient celles qu’il faut pour l’entretien des écoles paroissiales. Mais c’est là la moindre difficulté. L’Université se trouverait aux prises avec chaque propriétaire. La malveillance de la majorité se permettrait tout contre ces inspecteurs qui leur seraient d’autant plus odieux que leur emploi est en quelque sorte dirigé contre la bourse de chaque particulier. Ils seraient bafoués et maltraités à tout instant; ils réclameraient alors la protection de l’Université, et nous serions en guerre perpétuelle non seulement avec le corps entier, mais avec chaque individu. Et si dans le nombre de ces inspecteurs un seul, irrité par les indignités incalculables qu’on lui fera souffrir, s’oublie une seule fois, alors, Sire! des rapports effrayants voleront de Riga à Pétersbourg, l’Université sera responsable de ses employés, son existence même sera attaquée, et toute Votre constance, minée ainsi goutte à goutte s’épuisera enfin, ou Votre santé succombera aux chagrins qui en résulteront. Je l’avoue, Sire! sous ce point de vue l’existence d’un professeur de Dorpat est terrible. Vous savez si je m’effraie aisément des difficultés, mais je Vous avoue loyalement que ni mon courage ni mes forces ne suffiront à celles-là. Tout homme paie enfin son tribut à la faiblesse de la nature humaine, ne fut-ce qu’à celle qui nous vient de notre physique.
Sire! j’ai parlé avec toute la vérité dont je suis capable. Quoiqu’il arrive je ne quitterai point lâchement mon poste qui est malheureusement celui des écoles de campagnes, je lui sacrifierai mon amour pour ma science, la gloire littéraire à laquelle je crois avoir quelques droits. J’y mourrai consumé d’efforts inutiles à l’humanité; je Vous appartiens —
Parrot
Peut-être cette lettre ne fait pas face à toutes les raisons de Mr. de Novossilzoff. Si cela est, mettez-moi aux prises avec lui, en Votre présence; si j’ai tort je serai le premier à lui céder; je ne puis vouloir que le bien public. O mon Alexandre! ne Vous fatiguez pas de ma constance.
57. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 17 avril 1805]1
Je joins ici le Doclad présenté par le Comité de l’instruction publique, de même que l’opinion de M. de Novossiltzof à laquelle plusieurs membres se sont rangés. Vous verrez que tous communément rejettent le projet de prendre les écoles paroissiales aux frais du Gouvernement. Les raisons citées sont très délicates surtout dans le poste où je me trouve. Vous verrez aussi que l’opinion de Novossiltzof n’est pas précisément ce que Vous m’en dites dans Votre lettre, quelques-unes des raisons qu’il cite sont assez fortes2.
Tout à vous.
[Paraphe]
Renvoyez-moi tous ces papiers après les avoir lus, et dites-moi ce que Vous en pensez.
58. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 18 avril 1805
Ange tutélaire de l’humanité!
Vous avez ramené l’espoir dans mon cœur navré. Je Vous en remercie de toute mon âme, au nom des 9/10 de Vos sujets – de Vos frères1. Nous triomphons.
Je reçus hier Votre message à I heure et demi. Je passai l’après-midi jusqu’à XI heures à faire traduire toutes les pièces en ma présence par Roth <mon beau-frère>, sur lequel je puis confier, la nuit à réfuter. Le maigre extrait que le Ministre a fait du plan de l’Université contient quelques contradictions qui naissent nécessairement d’une pareille manière de travailler. Les principes du Doclad étant tous allégués dans le sentiment de Novoss., c’est à ce sentiment que je me suis attaché. J’espère que quand Vous aurez lu cette réfutation Vous serez convaincu. La victime m’a été d’autant plus facile qu’il m’a paru reconnaître à la marche des idées l’intervention de Rosenkampff. Jamais le noble Novoss. n’eût écrit de cette manière < jamais il ne se fût permis ces termes d’avocat>.
J’ai médité de nouveau toute cette matière et j’ai trouvé la possibilité d’ériger les écoles paroissiales au moins dans les ⅔ des paroisses sans Vous demander des fonds annuels. Si Vous voulez bien y consentir je pourrai Vous fournir pour après-demain le plan sous la nouvelle forme, en français. Si Vous l’agréez la traduction sera bientôt faite.
Veuillez me faire savoir Votre résolution après avoir lu la réfutation. Si Vous pouviez ne Vous régler que sur les principes, je n’aurais pas besoin de faire ce nouveau plan; mais abandonné de tous Vos alentours2 lorsqu’il s’agit d’argent, je sens qu’il faut tenter une autre voie, et j’éprouverai un plaisir bien doux à ce travail.
Quant aux séminaires, c’est en vain que je me tourmente pour parer aux frais3. Il est impossible. Mais, Sire, daignez Vous souvenir que si N. N. fléchit sur ce point pour 15 000 Rbl. comme il le fait, Vous pouvez en accorder le double ou le triple, surtout si Vous lui faites le même offre pour son arrondissement (ne songe-t-il pas à son séminaire de Pétersbourg4 qui n’a pas son analogue chez nous!), et donnez de l’espérance pour les autres, espérance qu’on ne s’empressera sûrement pas de réaliser avant que nous ayons terminé notre ouvrage des séminaires; au bout de ce temps ces fonds seront de nouveau disponibles.
Les écoles de paroisses des villes pourront s’établir sans fonds extraordinaires. Nous avons encore les fonds des collèges des secours publics qui ne sont pas encore attaqués. La moitié suffira à cet objet. L’autre restera destinée aux objets que le Ministre avait assignés sur le tout, à l’achat et l’entretien des bâtiments des autres espèces d’écoles.
Pourquoi faut-il tant de détours pour forcer le Directoire de l’instruction nationale <publique> à mériter son titre? Selon son plan il n’est que le directoire des universités, des gymnases et des écoles de district <c.à.d. le directoire de la minorité des écoles>.
Il est VIII heures. Je vais prendre quelques heures de repos pour regagner quelques forces en attendant Vos ordres.
Parrot Vous aime de toute son âme!
Pardonnez-moi une mauvaise écriture. Je ne pouvais mieux écrire.
59. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 24 avril 1805
Sire!
Vous êtes malade. N’osant être autour de Vous pour Vous soigner comme mon cœur le désirerait, je veux au moins m’approcher en idée de Votre personne chérie, Vous dire, s’il est possible, combien je Vous aime, et Vous causer par là, si je puis, quelques moments agréables, la seule manière qui soit en mon pouvoir d’y parvenir. Je Vous ai déjà dit plusieurs fois que je Vous aime, pour Votre personne seule, pour Vos sentiments tendres et sublimes envers l’humanité, pour Votre cœur, pour tout ce qui est réellement à Vous. Je Vous vois toujours à nu, dépouillé de toute grandeur extérieure, et c’est ainsi que je Vous respecte bien sincèrement. Votre belle âme m’apparaît dans toute sa pureté; je la fais juge de chaque instant de ma vie. C’est en sa présence que je m’applaudis de sentiments honnêtes que j’ai; c’est en sa présence que je rougis des fautes que je commets; c’est devant elle que je Vous accuse de celles qu’on Vous fait commettre. Je la fais juge de toutes mes actions, de toutes les Vôtres. – Alexandre! De jour je pense souvent à Vous, le soir je m’endors avec Votre image, le matin je me réveille plein de Vous, et c’est toujours à l’avantage de ma vertu. Ange tutélaire! Homme pur, que la Providence m’a donné pour m’élever au-dessus de moi-même, conserve à jamais cette place que mon cœur t’a donné1; sois toujours le premier des hommes. O c’est dans un moment pareil où je crains pour ta santé, où mon cœur voit des dangers, peut-être imaginaires, pour ta vie, que je sens bien vivement tout ce qui Tu es pour moi et pour l’humanité. J’ai vu les hommes, je les vois encore sous tant d’aspects différents. Ils ont besoin d’être menés au bien, et ceux qui le pourraient le font si rarement! La Nature semblait s’être réveillée d’un long assoupissement pour produire dans le midi de l’Europe un homme sublime. Il a donné un démenti à la Nature; il a préféré la vile jouissance d’opprimer l’homme aux délices de l’élever; ses talents rares ne servent qu’au mal, et si un jour ils en mènent le bien malgré lui, ce sera au travers d’une suite nouvelle de malheurs. – Mon Alexandre! Vous serez l’homme sublime que son âme étroite n’a pas pu être. La Nature n’ayant pu réussir en Bonaparte fait avec Vous son second coup d’essai. La Providence veut que Vous soyez grand, puisqu’elle Vous a donné tout ce qui faut pour l’être. Un excès de Vertu, s’il est permis de parler ainsi de la Vertu! Un excès de Vertu est Votre seul défaut. Vous tremblez de commettre une injustice et cette crainte paralyse Votre âme, qui a beaucoup plus d’énergie que Vous ne croyez Vous-même. Elle Vous fait oublier que pendant que Vous méditez sur les moyens d’être juste une fois, il se commet cent injustices en Votre nom. Elle Vous fait oublier que le mal que Vous faites peut se réparer, qu’on peut toujours appeler d’Alexandre mal instruit à Alexandre mieux instruit, mais que le mal que d’autres font sous Votre autorité est irréparable parce que l’appel ne peut Vous parvenir que par ceux qui le commettent.
O mon Alexandre! Aimerez-Vous toujours Votre moraliste? Dites-le moi; non pour Vous conserver mon amour, mais pour me donner un instant de délices. – Le ciel Vous protège!
Votre Parrot
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