Автор книги: Андрей Андреев
Жанр: Зарубежная образовательная литература, Наука и Образование
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75. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 10 août 1805
Sire!
Comment Vous remercier du nouveau bienfait que Vous nous avez accordé? Les circonstances sous lesquelles Vous l’avez fait font presque oublier le bienfait lui-même1. Mon cœur a tout calculé. Il n’y a que mon Alexandre qui puisse agir ainsi. J’ai annoncé cette nouvelle preuve de Vos bontés à l’étranger relativement aux mouvements guerriers qui doivent résoudre le grand problème de la situation des États de l’Europe, pour qu’on juge par là des forces intérieurs de la Russie. Mais, Sire, ce grand problème à la solution duquel Vous travaillez, ne se résoudra pas tout-à-fait de la manière que Votre Cabinet croit peut-être. Permettez-moi de Vous présenter dans le mémoire ci-joint les idées que m’a suggéré l’aspect présent de l’Europe. Vous m’avez permis autrefois de Vous parler sur cet objet si important. Je crois qu’il est de mon devoir de Vous fournir la continuation, et si j’ai tort dans mes vues, Vous me pardonnerez en faveur de motif. Il est vrai que je ne connais pas l’intérieur des cabinets. Mais cet intérieur mène rarement à des résultats solides. La vraie marche des affaires ne se règle pas sur des déclarations ou sur des intentions, mais sur les relations qui résultent nécessairement de la vraie situation des États, et pour juger de ces relations la connaissance des faits antérieurs suffit.
J’ai vu le célèbre Franck à son passage. On désire l’employer à Pétersbourg; et l’on a raison. Mais il ne pourra être vraiment utile qu’en le faisant directeur général du département médicinal. Le charger d’une branche particulière c’est ne rien faire, et l’on devrait être charmé de posséder un homme sous lequel tous les médecins de tous les rangs se rangeront sans répugnance. Toute l’Europe ne possède pas son second, et, qui plus est, toute l’Europe le sait.
La noblesse de Livonie Vous fera une représentation pour assurer un revenu plus honorable au surintendant général de Livonie2. Le surintendant actuel a été jusqu’ici obligé de réunir une seconde place à celle-là pour pouvoir vivre décemment. Mais il n’est ni décent ni utile au bien public de faire une pareille réunion qui d’ailleurs ne peut plus durer à raison du travail énorme qui en résulte, surtout sous Votre règne où tout est animé d’une nouvelle activité. La noblesse demande l’arrende3 de la petite terre de Colberg pour doter la place de surintendant. Cette terre est, il est vrai, assignée à l’Université; mais comme l’affaire de nos Haken n’est pas terminée, il importe peu à l’Université que cette terre lui reste ou non, et nous le céderons volontiers pour nous concilier le clergé dont l’influence sur les écoles paroissiales sera si marqué.
J’ai employé quelques jours de mes soi-disantes vacances à visiter une école paroissiale provisoirement établie depuis 8 mois à la cure du pasteur préposé Roth. Que ne puis-je Vous faire part de ce que j’ai éprouvé à cet aspect! Que ne puis-je faire passer dans Votre âme les sentiments délicieux que ces jeunes gens m’inspiraient! Je songeais à Vous et l’idée que Vous ne verrez jamais une école paroissiale troublait la joie que j’éprouvais.
Je Vous supplie ardemment de faire décréter les séminaires de campagne et les écoles paroissiales des villes4.
Je sens bien que je ne dois pas Vous rappeler en ce moment le Comité des requêtes, puisque, à ce qu’on m’écrit de Pétersbourg, Vous êtes sur le point de faire un voyage5. Plût au Ciel que Dorpat se trouvât sur Votre route!
AnnexeCoup d’œil sur l’état actuel de l’Europe en cas de guerre
Tirons une ligne de Cap Orso à l’extrémité méridional du golfe de Venise, par Constance, Mannheim et Emden à frontière orientale de la république Batave <Belgique>. Tout le continent à gauche de cette ligne forme l’Empire de Bonaparte, dont il ne porte pas, il est vrai, le titre, mais des forces duquel il peut disposer. Car le Portugal est tenu en respect par l’Espagne, qui elle-même est tributaire de la France, de même que les républiques batave et helvétique et la haute Italie; et avant le premier coup de canon il s’empare de la moyenne et basse Italie. Le reste du continent de l’Europe avec l’Angleterre est intéressé à se ligner contre la Monarchie unie dont cette partie du monde semble être menacé. Mais la Suède et la Danemark, puissances subordonnées, n’auront pas envie d’accéder à cette ligne à laquelle il faudrait les forcer, et la Prusse alliée de Bonaparte contre soi-même cède à l’appas de l’Hanovre et des accessoires tels que Hamburg et Lubeck et la Poméranie suédoise. (La crainte se joint encore à ce motif. Car si la Prusse ne se déclare pas pour la France, Bonaparte fait sa paix avec l’Autriche, lui promet la Silésie et la Lusace, et le Cabinet de Vienne fera marcher contre la Prusse, malgré sa prétendue chaude amitié pour la Russie. Nous avons vu des événements plus impudents que celui-là.) L’Empire d’Allemagne ne peut que fournir du terrain et des vivres aux armées des deux partis. On ne peut donc compter proprement que sur la Russie et l’Autriche.
Arrêtons-nous un moment encore à considérer la Prusse de plus près. À la vérité ses vrais intérêts bien entendus devraient lui faire préférer l’alliance du Nord, tant pour s’assurer son existence politique qui devient précaire à la mort de Bonaparte, que pour se tirer de l’état de minorité où la France la retient. Mais le cabinet de Berlin ne connait plus les grands principes de politique depuis la mort de Frédéric II. Il voudra louvoyer, et se trouvera bientôt forcé de se déclarer pour son tuteur. Son avidité lui fait désirer l’Hanovre et ses environs. Elle vise à posséder tout le Nord de l’Allemagne, pour devenir en effet une puissance du premier rang, ce qu’elle n’a jamais été que par les circonstances. La Russie pourrait sans compromettre sa propre sûreté pour la suite souffrir cet agrandissement et devrait même y contribuer. Elle restait toujours prépondérante et l’arbitre entre l’Autriche et la Prusse. Pour le moment elle eût retiré du profit de cet agrandissement de son voisin. D’un côté il est au moins indifférent que ne soit la Prusse ou la France qui possède l’Hanovre et les environs pendant la guerre. D’un autre côté la Prusse ayant obtenu son but cesserait d’être l’allié forcé de la France, et eût été plus disposée et plus à même de se soutenir contre cette puissance qu’à se sacrifier pour ses desseins ambitieux. Mais la garantie – dit-on. Il ne fallait point de garantie; en général tous les traités qui visent à une guerre éventuelle sont une faute morale et politique; morale parce qu’un gouvernement ne doit pas disposer des forces de la nation pour défendre les sottises qu’un voisin peut faire; politique parce qu’on se lie les mains pour des relations futures qu’on ne connait pas encore. On devrait déjà être revenu de l’idée que les États sont entre eux en relation d’individus. Deux amis peuvent se lier à vie et à mort. En cela ils ne disposent que d’eux-mêmes et ne sont responsables qu’à eux-mêmes des événements. Mais un gouvernement a l’intérêt de la nation à soutenir; c’est son premier devoir, devant lequel toute autre relation doit cesser, et par conséquent aussi les soi-disants relations de voisinage et d’amitié. La seule loi qu’il ait à observer est de ne pas envahir, et si tel autre enfreint cette loi contre un voisin, alors on est toujours maître d’être généreux en secourant le plus faible, on ne l’est même qu’alors et alors seulement on agit avec toutes ses forces parce qu’on n’est pas lié. Dès qu’on s’est lié de façon ou d’autre il n’a plus de choix, par conséquent de générosité, et souvent plus de pouvoir, parce que l’on se trouve ordinairement dans un cas qui n’a été calculé que par l’agresseur. Si on voulait consulter l’histoire, on trouverait que presque toutes les guerres de notre politique ont été causées directement ou indirectement par des traités. Les seuls États continentaux, sur toute la surface de la terre, qui ont de tout temps conservé leur intégrité sont ceux qui ne connaissent point les traités, la Chine et le Japon, et ceux qui ne les tiennent pas, les puissances barbaresques.
Revenons au cas présent, et puisque la guerre paraît inévitable, voyons ce qu’elle peut devenir toujours dans la supposition que la Prusse se déclare tôt ou tard contre nous. Les puissances principales peuvent sans s’épuiser faire marcher1
Voilà à peu près la proportion des forces actuelles applicables à l’état actuel. On peut faire de plus grands efforts de toute part, mais la même proportion reste. Pour en prévoir le résultat il faut se mettre à la place de l’ennemi, et calculer dans ses principes et avec ses forces et ses vues et le plan de campagne.
Bonaparte veut se soutenir et s’agrandir. Son principe de morale politique est celui du plus fort. Il dispose des États voisins selon son intérêt et ses forces. Il se soutiendra à l’intérieur tant qu’il aura une guerre à l’extérieur pourvu qu’elle ne soit pas absolument malheureuse et qu’il ait l’adresse de persuader à sa nation qu’il est la partie attaquée, non l’agresseur. Alors le point d’honneur et en quelque sorte l’intérêt national succèdera à l’enthousiasme de la liberté; les armées françaises si aguerries feront leur devoir. Bonaparte les fera commander par ses généraux et s’il veut paraître, il ne le fera que dans des occasions signalées, pour conserver l’éclat de gloire militaire qui l’environne. Ses relations avec la Grande Bretagne lui sont favorables. Sa flottille de Boulogne tient toutes les forces de terre de cette puissance en échec2. Ses escadres font promener les flottes anglaises sur toutes les mers et les empêchent de faire quelque expédition importante. L’armée russe embarquée ne le gênera guère, parce qu’on ne se stationne pas sur mer comme sur terre, et qu’il faut renoncer au projet d’une descente sur les côtes de la mer du Nord, la France y étant trop en forces. La vraie utilité de l’armée embarquée se prouvera contre la Prusse lorsque celle-ci se déclarera.
L’ennemi principal de Bonaparte est la Russie, la seule puissance qui lui ait parlé vertement, qui ait particulièrement blessé son orgueil. C’est donc sur la Russie qu’il dirigera son plan principal; ses mesures pour couper les négociations avec Nov[osilzoff] avant qu’elles soient entamées prouvent qu’il veut se venger, sans passer pour agresseur, comme les relations du cabinet de Berlin vis-à-vis de celui de Pétersbourg prouvent qu’il a su habilement profiter du seul moyen qu’il ait d’attaquer avec avantage3. Ce moyen qui au premier coup d’œil paraît le seul, et qui l’est effectivement sous certains circonstances, se multiplie dans les conjonctures présentes.
Ainsi Bonaparte, avant d’avoir fait marcher un seul régiment, a changé totalement la situation politique de la Russie, qui auparavant ne prenait part aux querelles du sud-ouest de l’Europe que comme alliée ou arbitre, mais qui à présent joue les rôle principal et est forcée de chercher des alliés. Ce changement, à la vérité, n’est peut-être pas encore diplomatiquement exprimé, mais il est réel, fondé dans la nature des circonstances, et je l’avais prévu avant la mission de Nov[osilzoff] à Berlin. Aussi j’opinais toujours absolument contre la guerre, dont les suites, même brillantes, ne compenseront jamais le dommage.
Aucun ne se trompe pas aux démonstrations pacifiques actuelles du cabinet de Berlin. Il est par les raisons alléguées intéressé contre la Russie et se déclarera quand Bonaparte l’exigera officiellement, c.à.d. quand la Russie aura dirigé ses principales forces de l’autre côté. Dans toutes les hypothèses possibles la Russie doit se regarder comme en guerre avec la Prusse. Il existe sûrement quelque traité secret contre cette puissance et la France, et si la Russie veut absolument prendre les armes, il faut s’assurer diplomatiquement des intentions de la Prusse, demander une déclaration publique et catégorique pour pouvoir faire un plan fixe d’opérations et ne pas être tenu par la Prusse en échec.
Bonaparte, ayant gagné ou forcé la Prusse, peut attaquer la Russie au Nord-Ouest ou au Sud, et le fera sûrement si la guerre a lieu en effet. Il renforcera la Prusse de 50 000 hommes, charmé en outre d’avoir une armée au cœur de cet État pour être plus sûr de sa fidélité. Pour empêcher l’Autriche de porter des forces trop considérables de ce côté je ferais marcher par Mannheim, au travers de la Franconie 50 000 hommes sur la Bohême dont les habitants sont déjà affamés, et ne peuvent sûrement pas nourrir même une armée autrichienne. Je placerais 140 000 hommes sur les frontières de la Suisse, sur les bords de l’Etsch et du Po pour attaquer la Suabe autrichienne, le Tirol, et Venise. Je ferais défiler 160 000 hommes le long de l’Italie jusqu’à Otranto, dont 20 000 garderaient l’Italie et le reste, 140 000 seraient débarqués au moyen de bateaux plats ou de vaisseaux marchands, sur la côte d’Albanie. 40 000 de cette armée du Levant4 s’emparerait des passages de la Macédoine et des Dardanelles. Le reste marcherait au Nord et prendrait possession des bouches du Danube et du Dniester. En même temps une division de la flotte française évitant les anglais arriverait à l’Archipel, et entrerait dans la mer Noire d’où elle couperait les approvisionnements que les armées russes pourraient tirer des côtes.
Le trajet du Cap Orso au petit Golfe de Valona n’est que de 45 Werste; la faiblesse du gouvernement turc exposé à des révoltes journalières même en temps de paix et la haine des turcs contre les autrichiens et les russes assurerait le succès de l’entreprise, qui se trouverait secondée par l’armée de la haute Italie pour peu qu’elle fit de progrès, en sorte qu’il s’établirait une communication entre les deux armées principales au travers de la Dalmatie, communication même, qui, vu la grande futilité vassale de la Turquie et la facilité de révolutionner cet État, ne serait pas indispensable.
Ce plan de campagne ou tout autre semblable est très plausible et est extrêmement facilité par la Prusse qui occupera la majorité des forces de la Russie. Sans elle (la Prusse) il est inexécutable, parce que la Russie portant ses forces principales sur le midi est bien plus à portée de couvrir la Turquie que la France de l’envahir.
Pour repousser cette double attaque la Russie doit faire marcher sur la Prusse au moins 170 000 hommes et l’Autriche 30 000, les forces prussiennes et françaises en Prusse faisant un total de 200 000 hommes. L’Autriche doit faire armer au moins 50 000 hommes en Franconie, en Italie 140 000 hommes et en Turquie le long du Golfe de Venise jusqu’à Corfou au moins 30 000 hommes. Tandis que 80 000 russes entreront par la Moldavie et la Walachie pour pénétrer jusqu’aux Dardanelles si le gouvernement turc ne voulait pas lui en laisser prendre possession par mer à l’amiable.
La Russie doit en outre, en réunissant ses principales forces contre la Prusse, augmenter par mer les troupes de Corfou, tenir une armée considérable sur les frontières turques, faire observer de Corfou les manœuvres des français en basse Italie, exiger qu’une forte escadre anglaise croise autour de l’Italie pour soutenir Corfou au besoin et lui fournir des nouvelles qui seront remises au plus tôt par Constantinople et la mer Noire à Oczakow. Il sera même nécessaire d’envoyer à Oczakow un plénipotentiaire, soit pour traiter en moins de temps avec la Turquie, soit pour ordonner la marche de l’armée dès que les nouvelles de Corfou annoncent que l’armée française se renforce dans la basse Italie au-dessus de 30 000 hommes.
Ce plan de campagne de la part de la Russie pourra seul prévenir l’attaque de ce côté-là et même la chute de l’Empire Ottoman en Europe, et est par conséquent légitime. Attaquer directement cet Empire, présentement, par pure précaution, serait une injustice qui ne serait pas même utile.
Il y a un autre plan, celui d’écraser la Prusse le plus tôt possible de toutes les forces de la Russie, pour la forcer à la paix5. Mais d’un côté on n’écrase pas la Prusse en 6 semaines; de l’autre quand cela réussirait jusqu’à un certain point, les affaires n’en seraient pas mieux en état; la France dirigerait ses forces principales sur la Prusse, en ne se tenant que sur la défensive vis-à-vis de l’Autriche sur laquelle elle a l’avantage du terrain, les distances seraient égalisées entre la Russie et la France, et celle-ci pourrait par conséquent faire marcher autant de troupes que la Russie et, secondée des troupes prussiennes, repousser les armées russes et agir offensivement.
76. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 4 septembre 1805
On assure que le Bien-Aimé passera par Dorpat pour ménager les chevaux des contrées par où le Grand Duc Constantin et les gros de l’armée ont passé. Est-il bien vrai? O Providence me ménages-tu de nouveaux instants de bonheur? – Mon Alexandre! Venez par Dorpat. La plus pure, la plus tendre amitié Vous attend. Je sens qu’il est insensé de Vous faire cette prière, qui ne peut influer sur Votre résolution. Mais j’avais besoin de la faire, de Vous dire combien je me trouverais heureux pendant les instants que je pourrais Vous voir. Que ne puis-je Vous le dire comme je le sens!
Soyez heureux.
Votre Parrot
77. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 14 décembre 1805
Mon Bien-Aimé est de retour! O Alexandre! Que ne puis-je Vous dire ce que j’ai senti en apprenant cette nouvelle. Je suis heureux. – Non, je ne le serai que quand je Vous aurai vu, quand mon cœur aura palpité sur le Vôtre, quand je Vous aurai dit je Vous aime, avec cet accent du sentiment que rien ne peut remplacer. Il faut que je Vous voie. Je serais déjà en route si pour cela je n’avais besoin d’un mot de Votre part. Écrivez-moi ce mot, bientôt, d’abord. Combien j’ai souffert de n’être pas à Vos côtés sur le champ de bataille! – Avez-Vous quelquefois pensé à Votre Parrot? O que je serais content si Vous aviez songé à lui dans deux seuls instants, en marchant au combat et à Weimar chez Votre sœur chérie1. Aimez-Vous toujours
Votre Parrot.
78. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg, au début du janvier 1806]
Sire!
Me voici à Pétersbourg, le cœur plein de Vous, et du désir de voir mon Alexandre. Je n’ai point d’affaires. Je ne Vous parlerai ni de l’Université ni des écoles. Je viens uniquement pour Vous voir, pour Vous presser contre mon cœur, pour partager l’état de Votre âme, pour Vous dire que je Vous aime avec ce sentiment ineffable que rien ne peut exprimer. Je ne puis disposer que de bien peu de jours, Vous de bien peu d’instants. Faites un sacrifice à l’amitié, à
Votre Parrot
79. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, au début du janvier 1806]
Je suis tout aussi impatient de Vous revoir et je m’en fais un vrai plaisir; j’avais voulu Vous indiquer un moment pour venir à Pétersbourg où je me trouverai moins surchargé d’affaires, mais puisque Vous m’avez prévenu, soyez le bienvenu. Le premier instant de libre que j’aurai Vous sera destiné.
Tout à vous.
[Paraphe]
80. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, au début du janvier 1806]
Enfin j’ai un moment, ou du moins l’espoir d’en avoir un, sauf quelque courrier; je Vous attends donc avec impatience à 7 h. du soir.
Tout à vous.
[Paraphe]
81. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, au début du janvier 1806]
Je Vous ai attendu depuis 7 heures jusqu’a 8 ¼. D’autres occupations m’empêchent de le faire plus longtemps. Je suis convaincu que quelque obstacle ou misentendu est cause de ce retard.
Tout à vous.
[Paraphe]
82. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg, au début du janvier 1806]
Sire!
J’ai à Vous demander pardon, non seulement du retard d’hier, mais aussi de la lettre que je Vous écrivis de chez Gessler1. Mon âme était dans un état affreux. Vous m’aviez attendu. J’avais tant de choses importantes à Vous dire. Je me suis instruit pendant ces cinq jours. Je Vous présenterai des résultats au tableau dont Vous pourrez faire usage. Tout ce que je crains est d’arriver trop tard. S’il est possible, ô mon Bien-Aimé! suspendez quelque autre travail pour me voir. Mon cœur seul m’a amené à Pétersbourg. Je ne voulais que voir mon Alexandre entier dans ses sentiments, partager sa douleur et verser dans son âme le baume de la tendre amitié. Je sens à présent un devoir plus pressant que tout. Si Vos soirées sont prises, faites-moi venir le matin, avant le jour. C’est la plus belle heure de la journée pour méditer sur le sort de Votre Empire et de l’Europe.
Mon Bien-Aimé! Mon amour pour Vous fait de moi un Caméléon. Je puis tout devenir pour Vous servir. Mourir pour Vous serait pour moi le bonheur suprême.
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