Текст книги "История Франции. XX век: учебное пособие"
Автор книги: Елена Григорьева
Жанр: Языкознание, Наука и Образование
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Le sillage12 du général de Gaulle
Le septennat inachevé: 1965—1969
En 1965, de Gaulle est à nouveau candidat à l'Élysée, mais cette fois, l'élection présidentielle se fait au suffrage universel
L'opposition est représentée principalement par deux candidats: François Mitterrand, soutenu par toute la gauche, dénonce l'autoritarisme gaullien; Jean Lecanuet, centriste, plaide pour une Europe unie. De Gaulle est mis en ballottage13 au 1er tour mais il est réélu avec 55% des voix au 2e tour. En 1967, la gauche frôle la victoire14 aux élections législatives: le président ne dispose plus à l'Assemblée que d'une faible majorité
La crise éclate en mai 1968 à Paris par une révolte étudiante. Elle s'étend à l'ensemble du pays et du monde du travail où la grève se généralise. La gauche demande le départ du président: la crise devient politique. De Gaulle se ressaisit le 30 mai et reprend la situation en mains Les élections législatives de juin, dans un climat de peur et de lassitude, sont un triomphe pour le président
Mais le pays a été secoué. Malgré quelques réformes, le mécontentement n'a pas disparu. Quand, en 1969, de Gaulle propose aux Français une réforme du Sénat et la régionalisation, les «non» l' emportent au référendum et, comme il l'avait annoncé, il démissionne le 28 avril
La présidence de Pompidou: 1969—1974
En juin 1969, l'ancien Premier ministre du général de Gaulle, Georges Pompidou est élu président de la République. Une partie des centristes s'est ralliée à lui L'élargissement de la majorité présidentielle conduit à une politique extérieure plus européenne La
Georges Pompidou
France ne s'oppose plus à l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE.
Le Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, veut construire une «nouvelle société». La création du SMIC15, le développement de la formation professionnelle, la régionalisation constituent, de 1969 à 1972, quelques-unes des réformes du programme. Mais les relations entre le président et son Premier ministre se dégradent J Chaban-Delmas démissionne en 1972 et la «nouvelle société» ne voit pas le jour.
L'opposition politique s'organise En 1971, Mitterrand devient le chef d'un nouveau parti socialiste Les forces de gauche – communiste, socialiste et radicale – signent en 1972 un programme commun de gouvernement. Les difficultés s'amoncellent; Pompidou, malade, meurt en avril 1974.
La présidence de Giscard d'Estaing: 1974—1981
L'ancien ministre des Finances, Valéry Giscard d' Estaing, est élu de justesse président de la République en mai 1974, avec 50,8% des voix contre
Valéry Giscard d'Estaing
49,2% pour son rival, F Mitterrand, candidat unique de la gauche Le nouveau président annonce «une ère nouvelle»
Un vaste programme de réformes est entrepris En politique extérieure, le président contribue largement à la création du système monétaire européen en 1979 Mais la crise économique provoque la montée du chômage et de l'inflation.
La France est bientôt divisée en quatre. Les gaullistes sont en désaccord avec la politique du président; leur chef, Jacques Chirac, démissionne de ses fonctions de Premier ministre en 1976 La majorité présidentielle ne cesse de se déchirer jusqu'en 1981
À gauche, les communistes et les socialistes ne s'entendent plus. En 1977, la rupture est consommée. Malgré une forte progression, la gauche perd les élections législatives de 1978
Les principales réformes du septennat de Giscard d'Estaing
Commentaires
1 Konrad Adenauer – Конрад Аденауэр (1876—1967), федеральный канцлер Федеративной Республики Германии (1949—1963). Добился приема ФРГ в Западноевропейский союз и НАТО. В 1955 г. правительство Аденауэра установило дипломатические отношения с СССР
2 OTAN – Организация Североатлантического договора, НАТО (военно-политический союз, созданный на основе Североатлантического договора). Основана в 1949 г. В 1966 г. Франция вышла из военной организации НАТО
3 Gamal Abdel Nasser – Гамаль Абдель Насер (1918– 1970), президент Египта с 1956 г., профессиональный военный. В 1 48 г. стал руководителем организации «Свободные офицеры», с помощью которой осуществил государственный переворот и провозгласил республику. Насер потерпел жестокое поражение в шестидневной войне с Израилем (1967 ), в результате которой Египет потерял часть своей территории и на некоторое время утратил возможность пользования Суэцким каналом. Насер скоропостижно скончался в 1 70 г.
4 parti m Néo-Destour – политическая партия (Туниса) «Новый Дестур», основанная в 1934 г., возглавляла борьбу за независимость Туниса. С 1964 г. называется Социалистической дестуровской партией (СДП)
5 Habib Bourguiba – Хабиб Бургиба (1903—2000), президент Туниса, председатель Социалистической дестуровской партии. Боролся за освобождение Туниса от французского господства
6 rébellion / – восстание, бунт
7 guérilla [gerija] / – партизанская война
8 faisaient rage à Algér – свирепствовали в Алжире (Alger – город Алжир, Algérie – страна Алжир)
9 climat m irréversible – зд.: атмосфера нетерпимости
10 pied-noir m – француз, выходец из Алжира
11 Gaston Defferre – Гастон Дефферр (1910—1988), французский политический деятель, министр-социалист, мэр г. Марселя (с 1953 г. до своей смерти). Законы, названные законами Дефферра, касаются деколонизации (1956) и децентрализации государственной власти (1982)
12 sillage m – след; зд.: путь
13 est mis en ballottage m – забаллотирован (т. e. не получил абсолютного большинства)
14 frôler la victoire – быть на грани победы
15 SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) – средняя минимальная заработная плата, обеспечивающая прожиточный минимум
Dates principales
1958 Général Charles de Gaulle
1er juin. Investi le 1er, le gouvernement de Gaulle reçoit, le 3, les pleins pouvoirs pour rétablir l'ordre en Algérie et élaborer une nouvelle Constitution.
28 septembre. Nouvelle constitution. Ratifiée à une très large majorité par un référendum, la nouvelle constitution instaure un régime parlementaire mais avec des aspects présidentialistes. Le gouvernement est responsable devant l'Assemblée; élu pour sept ans, le président de la République nomme le Premier ministre, peut dissoudre l'Assemblée et consulter la nation par référendum.
23—30 novembre. Les élections législatives, au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, voient le succès des gaullistes qui, groupés en une Union pour la nouvelle république (UNR), prennent des voix à tous les partis, y compris au PCF.
21 décembre. Élu président de la Ve République, de Gaulle choisit Michel Debré comme Premier ministre. Pour résorber l'endettement provoqué par la guerre d'Algérie, le plan Pinay-Rueff réalise des économies budgétaires et dévalue le franc de 16,6% pour relancer les exportations. Le «nouveau franc» entrera en vigueur le 1e janvier I960.
1959
16 septembre. Parvenu au pouvoir grâce aux partisans de «l'Algérie française», mais conscient de la lassitude de l'opinion métropolitaine, de Gaulle offre l'autodétermination aux Algériens. Un an auparavant, à sa proposition de «paix des braves», le FLN a répondu par la création du
GPRA.
I960
24—31 janvier. À la proposition d'autodétermination, officiers activistes et pieds-noirs ripostent par une semaine d'émeutes à Alger et montrent leur hostilité à de Gaulle.
1961
8 janvier. Un référendum en métropole approuve à plus de 75% de oui la politique algérienne du général de Gaulle.
22—25 avril. Putsch des généraux. À Alger, le régime gaulliste doit affronter un soulèvement militaire que prolonge le terrorisme de OAS, partisan de «l'Algérie française».
1962 Général Charles de Gaulle
8 février. Au cours d'une manifestation de gauche demandant une lutte plus active contre l'OAS, la police tue huit personnes au métro Charonne.
18 mars. Accords d'Évian. Des négociations avec le FLN finissent par déboucher sur les accords d'Évian ratifiés à 90,7% par référendum le 8 avril. L'Algérie obtient l'indépendance tandis qu'un million de pieds-noirs refluent en France.
14 avril. Après la fin de la guerre en Algérie, de Gaulle, comme la Constitution de 1958 lui en donne le droit, change de Premier ministre: Georges Pompidou remplace Michel Debré.
22 août. De Gaulle est l'objet d'un attentat, au Petit-Clamart, qui échoue. Profitant de l'émoi de la population, il propose un référendum sur l'élection du président de la République au suffrage universel.
28 octobre. À l'exception de l'UNR et de quelques modérés regroupés autour de Valéry Giscard d'Estaing, toutes les forces politiques s'opposent à cette proposition et votent une motion de censure. De Gaulle dissout alors l'Assemblée. Le pays ne suit pas les partis traditionnels et approuve la réforme constitutionnelle.
18—25 novembre. Les élections législatives donnent à l'UNR (233 députés) et ses alliés (indépendants et paysans) la majorité absolue.
1963
14 janvier. Rejet de l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE. Par souci d'indépendance militaire et diplomatique, de Gaulle s'oppose farouchement à l'entrée dans la CEE de Grande-Bretagne trop liée aux États-Unis. Il applique le traité de Rome, mais refuse une Europe supranationale ou dominée par les États-Unis.
22 janvier. Traité d'amitié franco-allemand. De Gaulle entretient de très bonnes relations avec la R. F.A. d'Adenauer.
5 août. Ayant doté la France d'une «force de dissuasion» (bombe A, février, 1960) de Gaulle refuse la participation du pays à une force atomique multilatérale.
12 septembre. Le «plan de stabilisation». Le IVe Plan (1962—1965)prévoit un taux moyen annuel de croissance de 5,5% mais sa réalisation est perturbée par le retour des rapatriés d'Algérie qui entraîne des dépenses imprévues, d'où déficit, montée des prix et dégradation de la balance commerciale. Valéry Giscard d'Estaing, ministre des Finances, veut briser l'inflation, et met en œuvre un «plan de stabilisation» qui renforce de fait les pressions opérées sur les salaires.
1964
27 janvier. Luttant contre la «double hégémonie» (des États-Unis et de l'URSS), de Gaulle reconnaît officiellement la Chine populaire. Ses voyages dans le monde et ses discours donnent un tour original aux relations internationales et contribuent au rayonnement de la France à l'étranger.
1965 Général Charles de Gaulle
5 décembre. Le général se représente mais trop sûr de sa dimension historique, «l'homme du 18 juin» ne fait pas vraiment campagne. Au 1er tour, de Gaulle est mis en ballottage; candidat unique de la gauche François Mitterrand rassemble 32,3% des suffrages exprimés.
19 décembre. De Gaulle est réélu au 2e tour face à François Mitterrand, représentant unique de la gauche, qui a bénéficié des désistements, avoués ou non, des autres candidats. Le ralentissement de la croissance par le «plan de stabilisation» , la pression exercée sur les salaires et la possibilité enfin donnée aux opposants de s'exprimer à l'ORTF expliquent la baisse de prestige du général.
1966
9 mars. Le retrait de l'OTAN. Combattant l'hégémonie des États-Unis, de Gaulle annonce le retrait de la France du dispositif militaire intégré de l'OTAN. Déjà en juin 1963, le général avait désengagé la flotte française.
30 août. Lors d'un voyage au Cambodge, de Gaulle critique vigoureusement l'intervention américaine au Viêt-nam. Dans son discours de Phnom Penh, il propose la neutralisation de l'Indochine.
1967
5—12 mars. Les élections législatives ne sont gagnées de justesse par la majorité. Les 44 républicains indépendants de Valéry Giscard d'Estaing constituent désormais un apport indispensable aux 200 élus UDR gaullistes.
1er juillet. Entrée en vigueur du marché commun agricole. De Gaulle accélère la réalisation de la politique agricole commune, avantageuse pour la France après une période d'expansion économique, la récession de 1 967 provoque malaise chez les salariés modestes et inquiétude des étudiants pour leur avenir. Les difficultés économiques apparaissent et le chômage est important en 1967.
1968
L'explosion de mai. L'agitation universitaire et gauchiste gagne le monde ouvrier: le pays entier est bientôt paralysé par 10 millions de grévistes. Prêt à quitter le pouvoir, de Gaulle, par son discours radiodiffusé du 30 mai, rétablit la situation.
23—30 juin. Les élections de la peur constituent un triomphe pour l'UDR: 358 élus sur 485 députés!
10 octobre. La loi Edgar Faure réforme les enseignements supérieur et secondaire.
1969 Georges Pompidou
28 avril. La démission de Charles de Gaulle. Cherchant à retrouver un soutien populaire direct, le général propose aux Français un référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat. Il fait de l'adoption de son projet la condition de son maintien au pouvoir. Le 27 avril, le «non» l'emporte nettement. De Gaulle démissionne.
15 juin. Georges Pompidou l'emporte facilement au second tour sur une opposition divisée (le PCF prône l'abstention). Pompidou nomme Jacques Chaban-Delmas, gaulliste de la première heure, Premier ministre; Valéry Giscard d'Estaing reçoit l'Économie et les Finances. La majorité présidentielle s'ouvre aux centristes d'opposition tel Jacques Duhamel qui reçoit l'Agriculture.
21 juin 1969 – 5 juillet 1972. Les gouvernements Chaban-Delmas. Jacques Chaban-Delmas inaugure une politique contractuelle dite de la «nouvelle société» : loi sur la formation permanente, négociation entre syndicats et CNPF (Conseil national du patronat français) pour la signature de contrats de progrès, revalorisation périodique du SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) indexé sur le coût de la vie, mensualisation des salaires.
1971
16 juin. Au congrès d'Épinay, François Mitterrand devient le premier secrétaire du Parti socialiste qui s'est substitué en 1969 à l'ancienne SFIO moribonde.
1972
23 avril. Référendum sur l'élargissement de la CEE.
Georges Pompidou a pris l'initiative d'élargir la CEE à l'Irlande, au Danemark et au Royaume-Uni. En cela, il rompt avec un des principes gaullistes. Consultés par référendum, les Français disent en majorité «oui»; cependant il y a 39% d'abstentions.
2 7 juin. Le PS et le PCF, dirigé par Georges Marchais, signent un «programme commun de gouvernement» qui prévoit des réformes sociales importantes et des nationalisations. Le MRG (Mouvement des radicaux de gauche) se ralliera à cet accord le 4 octobre.
5 juillet. En désaccord avec son Premier ministre, Georges Pompidou le renvoie alors qu'il a obtenu un vote de confiance du Parlement. Jacques Chaban-Delmas est remplacé par Pierre Messmeir qui se fait l'artisan d'une vigoureuse – mais controversée – politique d'industrialisation.
1973
4—11 mars. Aux élections législatives, «la majorité reste la majorité», mais elle s'amenuise. Si le PCF obtient 21,4% des voix, le PS (20,7% avec le MRG) apparaît comme le principal bénéficiaire de la dynamique unitaire.
1974 Valéry Giscard d'Estaing
2 avril. Mort de Georges Pompidou. La maladie du président a été tenue secrète mais la rapidité de son issue surprend même ceux qui savaient. Chaban ou Giscard? La droite se présente divisée au premier tour des élections présidentielles.
19 mai. Valéry Giscard d'Estaing est élu (50,8% grâce à l'appel en sa faveur de 43 UDR dont Jacques Chirac qui devient Premier ministre. Au premier tour, Mitterrand était le candidat unique de la gauche face à une droite divisée entre Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d'Estaing.
Juin. Le plan de refroidissement. Premier ministre Jacques Chirac par un «plan de refroidissement» tente de juguler l'inflation en freinant l'activité économique par des restrictions de crédit. Puis il abandonne (septembre 1 975)la rigueur budgétaire (30 milliards injectés dans l'économie) pour lutter en priorité contre le chômage, mais cela relance l'inflation.
1976
25 août. Jacques Chirac démissionne. Raymond Barre le remplace et revient à l'austérité (crédit encadré, dépenses publiques et salaires comprimés) sans toutefois briser l'inflation ni le chômage qui s'aggrave.
1977
23 septembre. Au moment de la réactualisation du programme commun de gouvernement, la gauche se désunit. C'est la rupture de l'union de la gauche.
1978
12—19 mars. Grâce aux querelles qui divisent la gauche, la droite conserve la majorité: les deux fractions, RPR autour de Jacques Chirac et UDF qui fédère centristes et giscardiens, ont su taire leurs divergences pour l'emporter.
1979
10 Juin. Les élections européennes. L'UDF arrive en tête aux premières élections des députés du Parlement européen.
DOSSIER SPÉCIAL
LES ACTEURS DE L'HISTOIRE FRANÇAISE
De Gaulle
Charles de Gaulle est né à Lille (Nord), en 1890, dans une famille catholique, sans fortune.
Ses maîtres vantent la vive intelligence du jeune de Gaulle: «C'est le meilleur de la classe». «Un très bon élève, mais il prendra du temps par ses causeries».
Il adore l'histoire et les lettres, mais c'est le métier des armes qui l'attire
Il entre à l'école militaire de Saint-Cyr en 1909 et en sort sous-lieutenant. Pendant la guerre de 1914– 1918, de Gaulle – promu capitaine – est plusieurs fois blessé, puis fait prisonnier
Pendant les 32 mois de sa captivité il tentera, à 5 reprises, de s'évader
La guerre terminée, le commandant de Gaulle est d'abord détaché auprès de l'armée polonaise. De retour en France, il enseigne l'histoire à Saint-Cyr et se marie avec une jeune fille de la bourgeoisie du Nord, Yvonne Vendroux. Elle lui donnera trois enfants, Philippe, Elisabeth et Anne.
L'officier passe par l'École de guerre, en 1924, avant d'être affecté à l'état-major1 du maréchal Pétain, vice-président du Conseil supérieur de la guerre En 1929, on le retrouve au Levant, attaché à l'État-major. Entre Beyrouth et Damas il acquiert une connaissance du Proche-Orient qui sera précieuse, plus tard, au chef de France libre
Entre 1932 et 1938, il publie plusieurs ouvrages dans lesquels il prône2 la guerre de mouvement et la création d'une force mécanique mobile Lorsqu'en mai 1940, les Allemands envahissent la France, le «Colonel Motor» s'illustre, à la tête de ses blindés. Nommé général de brigade à titre temporaire3, il se voit confier, le 5 juin, le portefeuille de sous-secrétaire d'État à la Défense
Le 16 juin, à Bordeaux, où la République moribonde enfante4 ce qui sera le régime de Vichy, Pétain remplace Paul Reynaud comme président du Conseil. Le lendemain, il demande l'armistice. «C'est une trahison» , – s'écrie de Gaulle, à qui répugne l'idée de la défaite
Une citation de Pétain le présente comme «un officier hors de pair à tous égards» En mai 1940, de Gaulle participe brillamment à la campagne de France
Le résistant et l'opposant: 1940—1958
Le 17 juin 1940, refusant l'idée d'armistice, de Gaulle quitte Bordeaux pour Londres d'où il lance, au micro de la BBC, le 18 juin, un appel à la Résistance Depuis ce jour, ce texte demeure l'une des plus célèbres allocutions de l'Histore de France. Il organise depuis Londres, avec l'appui de la Grande-Bretagne, la France Libre Chef du GPRF, de Gaulle entre en août 1944 dans Paris libéré et il est acclamé sur les Champs-Élysées Il reste à la tête du GPRF jusqu'à sa démission en janvier 1946 Son gouvernement pose les bases de la reconstruction nationale
De Gaulle fait campagne – en vain – contre la Constitution de la IVe République. En 1947, il fonde le RPF qui dénonce le danger communiste et réclame une réforme des institutions
Il se retire dans sa maison de Colombey-les-Deux-Églises, en Haute-Marne
Le président de la République: 1958—1969
Rappelé au pouvoir dans le contexte difficile des événements d'Algérie de mai 1958, de Gaulle est élu président de la République en décembre 1958 Selon l'expression du président sortant, R Coty, « le plus illustre des Français devient le premier des Français». Réélu en 1965, de Gaulle incarne la France pendant plus de dix ans, de 1958 à 1969 En dix ans, de Gaulle renforce le rôle du président de la République et rend à la France son prestige dans le monde
• En plus des pouvoirs que lui donne la Constitution, de Gaulle se constitue très vite un «domaine réservé» , c'est-à-dire des secteurs dans lesquels il prend les décisions seul: il s'agit des affaires étrangères et de la défense nationale Le président utilise beaucoup la radio, la télévision (discours et conférences de presse) et les référendums pour présenter aux Français ses choix Les très nombreux déplacements qu'il effectue à travers la France lui permettent de voir et d'entendre les Français. Les véritables «bains de foule» qu'il apprécie particulièrement renforcent le lien direct entre les Français et lui
• Le président voyage aussi beaucoup à travers le monde La France apparaît ainsi comme le défenseur des nations contre les menaces impérialistes des superpuissances Pour le montrer, de Gaulle n'hésite pas à provoquer: il lance «Vive le Québec libre!» en 1967, à l'occasion d'un voyage au Canada Il n'hésite pas à prononcer quelques phrases dans la langue du pays qu'il visite: le «Marchamos la mano en la mano» (marchons la main dans la main), lancé aux Mexicains en 1964, est resté célèbre
• Enfin, une troisième grande idée lui était chère: la participation Il s'agit d'un projet économique et social qui se veut être une troisième voie entre capitalisme et collectivisme Mais cette idée n'a pas encore été réalisée en 1969 De Gaulle la relance à l'occasion du référendum d'avril 1969. L'échec provoque sa démission (28 avril 1969). Dès lors, il se retire complètement de la politique. Il voyage et écrit ses Mémoires d'Espoir à Colombey. La mort interrompt son œuvre le 9 novembre 1970
L'homme du destin
J'aperçus le Général de Gaulle, impassible, le regard absent. Je le saluai et lui dis à voix basse: «L'homme du destin» Il ne broncha pas
Le 17 juin, en compagnie de son aide de camp, le lieutenant Geoffroy de Courcel, de Gaulle s' envole pour l'Angleterre. Churchill, soucieux de remettre en selle l'allié défait, offre les antennes de la BBC au Général Le 18, il lance son fameux «Appel» Le ton, les mots sont ceux du chef s'adressant à ses soldats Il les invite, où qu'ils se trouvent, à le rejoindre: « Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne s'éteindra pas»
«À mesure que s'envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie», écrira le général « À 49 ans, j'entrais dans l'aventure» Le lendemain, en Bretagne, sa mère déclare: « Je reconnais Charles C'est exactement ce qu'il fallait faire» Dès lors, le «général félon5», que Vichy va condamner à mort, entre dans la légende
«Je n'étais rien au départ», dira-t-il. Pourtant, il s'impose aux Alliés et leur arrache la reconnaissance d'une France Libre qui combattra sous ses propres couleurs. De Gaulle enrôle6 ceux qui ont répondu à l'Appel Il rallie à sa cause une partie de l'Empire Mais il subit un échec à Dakar où les Français inféodés7 à Vichy s'opposent à un débarquement franco-britannique (septembre 1940)
D'après Winston Churchi ll, 13 juin 1940
Les poisons de la politique
Dans la France qui sort d'une nuit de quatre ans le général se heurte encore à Roosevelt: le président américain veut imposer au pays libéré un statut de territoire occupé. Inflexible8, de Gaulle lui arrache « le respect intégral de la souveraineté française»
En août 1944, la 2e D.B. de Leclerc libère Paris avec l'aide de la Résistance. Le 25 août, le libérateur fait une entrée triomphale dans la capitale
En novembre il signe, à Moscou, un traité d'alliance franco-soviétique Le mai 1945, l'Allemagne abandonne la lutte et, en revanche sur l'Armistice du 22 juin 1940, la France reçoit elle aussi la capitulation du Reich Le maréchal Montgomery, vainqueur d'El Alamein, peut écrire: «La France avait perdu son âme, le Général de Gaulle la lui a rendue»
À la tête du gouvernement, de Gaulle s'attaque à l'œuvre de rénovation nationale. Mais, très vite, «les poisons de la politique» se répandent à nouveau dans le corps constitutionnel À l'aise dans les orages de l'Histoire, le général se trouve empêtré9 dans le marais des luttes partisanes que sécrète « le système» « Il est tombé dans la politique comme dans un verre de sirop» , déplore l'écrivain Georges Bernanos Alors, en janvier 1946, il part en claquant la porte. L'un de ses ministres, Maurice Thorez, chef du Parti communiste, commente: « Voilà un départ qui ne manque pas de grandeur»
En 195 , la situation dégénère en Algérie, la guerre civile menace Le général revient Il fonde la Ve République et s'attache au second volet de son œuvre: la consolidation de l'indépendance de la France, son rayonnement dans le monde, la décolonisation, la construction de l'Europe
Mais, en 196 , une révolte des étudiants débouche sur une crise nationale qui prend le général à contre-pied10. Il parvient à rétablir la situation, mais l'opinion n'est plus à l'unisson. «C'est moi qui suis en cause C' est une affaire entre les Français et de Gaulle», reconnaît-il.
En avril 1969, il veut faire adopter par référendum une réforme des régions Les Français comprennent qu'en fait il leur demande s'ils veulent encore de lui
Plus de 53% répondent non! Alors, le vieux chef abandonne le pouvoir
Dix-huit mois plus tard, le 9 novembre 1970, il meurt subitement à Colombey, victime d'une rupture d'anévrisme Du monde entier les messages affluent D'Elisabeth II d'Angleterre à Mao Zedong, du président Nixon au maréchal Tito, tous saluent l'œuvre du «plus illustre des Français»
Comme il l'avait voulu, le général est inhumé dans le cimetière de son village. Sur la tombe creusée dans la craie de Champagne, cette simple inscription: «Charles de Gaulle, 1890—1970». «La France est veuve» , déclare Georges Pompidou, qui lui a succédé à l'Élysée. À la une du Figaro11, un dessin: une petite Marianne12 pleure, assise sur grand chêne abattu.
De Gaulle intime
Secret par nature, « le plus connu des Français est aussi le plus méconnu» , a dit l'un de ses compagnons Et il est vrai que le général de Gaulle déconcerte par les diverses facettes de sa personnalité
«Sous son aspect austère, mon père cachait une grande sensibilité» , assure l'amiral Philippe de Gaulle Ce témoignage rejoint celui de madame de Gaulle mère, qui voyait en son fils Charles, derrière un caractère exclusif, autoritaire, « le plus aimant» de ses cinq enfants
La petite Anne
La seule fois qu'on ait vu pleurer le général, ce fut aux obsèques de sa fille Anne, née handicapée et morte à 20 ans. Pour cette enfant qu'il adorait, il consentait à jouer au cheval, à quatre pattes
«La petite Anne est ma joie et ma fierté» , disait-il à l'abbé Bourgeon, aumônier13 de sa division. «Elle est une grâce dans ma vie. Elle m'aide à demeurer dans la modestie des limites et des impuissances humaines»
Lorsqu'il la mena au cimetière de Colombey, où, selon son désir, on l'inhumera plus tard à ses côtés, le général murmura à sa femme: «Maintenant, Anne est une enfant comme les autres»
La ferme secrète du général
C' est une des très rares circonstances où le général a laissé percer son émotion En revanche, il sait descendre des sommets où il se complaît pour se montrer sous un jour familier et même bonhomme, cent anecdotes en témoignent
Le général aime les paysans et connaît leurs problèmes D'autant mieux, et cela est peu connu, qu'il est lui-même exploitant agricole. Sa «ferme secrète» de 26 hectares, située près de Calais, dans le Nord, appartient en fait à sa femme C'est un neveu qui l'exploite, mais il en surveille la gestion Cela l'amuse
Plus tard, lorsque le général quitte les affaires et qu'il visite l'Espagne et l'Irlande, il veille à payer tous ses frais, rubis sur l'ongle14. Quand l'hôtelier insiste pour l'inviter il laisse, en pourboire au personnel, l'équivalent de la note
Madame de Gaulle – «tante Yvonne», comme l'appellent familièrement les Français – est tout aussi stricte sur ce chapitre. À un invité, qui admire un objet, un bibelot, dans ses appartements de l'Élysée, on l'entend dire: «Ces choses ne sont pas à nous».
Dans le privé comme en public, soit qu'il veuille charmer, soit qu'il entende frapper les imaginations ou imposer ses vues, le général demeure un acteur inégalable Le comédien Pierre Dux, ex-administrateur de la Comédie-Française, se souvient du temps où André Malraux entraînait le général à «des spectacles assez ennuyeux qu'il faisait semblant d'apprécier»: «Il avait un admirable physique de théâtre Il y avait en lui une majesté et en même temps une familiarité extraordinaire Sa masse et sa hauteur lui conférait une autorité naturelle Il avait l'art de prononcer ses textes avec une ampleur de diction qui leur donnait toute leur valeur (…). Un talent inné, unique».
Les discours du général ne doivent rien à l'improvisation Il les prépare longuement Il répète ses textes, qu'il apprend par cœur, à haute voix, devant la glace, pendant sa toilette, en enrichissant cette éloquence inventive qui mêle un humour décapant à de la rouerie, à des envolées lyriques Il entretient sa «mémoire d'éléphant» en récitant – à l'envers! – les innombrables poèmes qu'il connaît
Dans son jardin, à Colombey, il fredonne des airs d'opérette À la radio, il écoute surtout du jazz Devant la télévision, il regarde volontiers un James Bond ou une rencontre de rugby
Gourmand, de Gaulle adore ce qui est sucré et glisse souvent des dragées dans ses poches Il affectionne les «plats canailles»15: petit-salé aux lentilles, andouil-lette, que sa femme lui choisit chez les bons traiteurs Gros mangeur, il ne sait pas s'arrêter Dans les dîners officiels, on voit parfois madame de Gaulle entrecroiser sa fourchette et son couteau sur la nappe: c'est le signe, convenu entre eux, qu'il ne doit pas «en reprendre»
Le général solitaire a choisi de s'éloigner des affaires Pèlerinage en Irlande « En ce moment grave de ma vie, j'ai trouvé ici ce que je cherchais: être en face de moi-même»
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