Автор книги: Андрей Андреев
Жанр: Зарубежная образовательная литература, Наука и Образование
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[Mémoire sur les milices]
Le lette et l’estonien n’a aucun esprit militaire; on n’en fera donc que de mauvaises milices. Il ne peut avoir d’esprit militaire parce qu’il a été 100 ans sans faire la guerre. Le russe a fait la guerre de tout temps, et heureusement; les milices russes fourniront donc d’excellents soldats après quelques semaines d’exercice, pourvu que l’exercice soit simple. Le but des milices ne doit pas être seulement d’opposer une grande masse à l’ennemi s’il repousse et affaiblit nos armées, mais surtout de fournir une nouvelle armée disciplinée.
Les milices restant dans leurs foyers sont trop dispersées pour se réunir à temps contre une armée victorieuse; la masse totale des milices ne peut être concentrée, parce qu’elle manquerait de vivres.
La vraie manière de tenir le meilleur parti des milices est d’en concentrer une partie sur les frontières, à portée de l’armée qu’on veut recruter, et cette partie à concentrer doit être la meilleure.
Les milices lettoises et estoniennes sont au moins suspectes. Le paysan dit tout haut qu’il attend Bonaparte comme son libérateur. Il faudra donc garder ces milices par d’autres milices ou par des soldats de ligne. Ce sont donc des secours négatifs qu’on se donne par là. La plus grande difficulté sera de les lever; s’ils s’opposaient, comme il est infiniment vraisemblable, comment faire sans force armée? Si par-ci par-là quelque seigneur veut employer la violence, comment empêcher les premiers massacres, et s’ils commencent, ce sera le feu dans une forêt.
On viendra à bout d’éteindre ce feu de rébellion quand la moitié des seigneurs seront massacrés et la moitié des terres ruinées. Mais encore il faudra des soldats; la ruine des provinces sera le moindre des maux qui en résultera. Non seulement l’armée aura un ennemi de plus à combattre mais aussi la famine et l’opinion, qui décide dans tous les projets où de grandes masses se meuvent. Le polonais indécis se déclarera courageusement pour l’ennemi et renforcera et approvisionnera son armée.
Il faut donc supprimer les milices lettes et estoniennes, et la victoire que Benningsen a remportée servira de prétexte; on peut déclarer une grande partie du danger passée; mais il faut se hâter afin que cette mesure ne paraisse pas faiblesse si elle venait après le commencement des désordres.
Ces provinces ne doivent pas par là être exemptes des charges publiques que la situation présente exige. Qu’on leur donne à entretenir le double de milices russes; qu’on fasse passer dans l’Estonie, la Livonie et la Courlande environ 90 000 russes des milices les plus voisines. Là elles seront exercées à loisir, et serviront à maintenir l’ordre en attendant qu’elles marchent; elles deviendront une vraie armée qui aura déjà fait quelques cent Werstes vers l’ennemi. Ce chemin gagné est un grand avantage.
Pour nourrir ces 90 000 hommes il faut prendre trois mesures que la disette impose. 1) Défendre dès ce moment la fabrication des eaux de vie. Celles qui ont déjà été seront plus que suffisantes pour les besoins de ces 90 000 hommes. Tant mieux si cette denrée renchérit dans ces provinces; le paysan qui boit moins en est plus tranquille, pour l’armée on la prend à un prix fixe. 2) Ouvrir les magasins des paysans pour fournir aux premiers besoins. La famine se fait déjà sentir. 3) Faire venir aux frais de ces provinces, des vivres des autres gouvernements où la récolte a été meilleure.
Fermeté, célerité, succès.
101. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 30 décembre 1806
Sire!
Je voulais aller à la cour, pour le plaisir de voir mon Bien-Aimé; en ai-je un plus grand au monde? Je voulais lire dans Votre regard si Vous êtes décidé sur l’affaire des milices dans nos provinces. – Mais je ne puis; je sens que je ne pourrais pas être si longtemps debout, la matinée étant pour ma santé la plus mauvaise partie de la journée à cause de mes insomnies. Veuillez me dire si Vous avez arrangé cette affaire. C’est trop attendre de Votre complaisance, je le sens; mais faites-le pour Votre reconvalescent qui se porterait sûrement très bien si la chose publique, la chose de son Alexandre, ne lui tenait pas si fort à cœur.
Je Vous salue, mon ami, mon Héros, de toute mon âme.
102. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 5 janvier 1807
Je végète ici dans l’incertitude sur l’effet de l’idée que je Vous ai communiquée concernant les milices. Je suis inquiet, sûrement pas par égoïsme, pas parce que c’est moi qui Vous ai proposé cette idée, mais parce que son exécution Vous touche de près. Je Vous aime plus que jamais, mon Alexandre; je suis toujours occupé de Vous. Je passe les journées à prendre des informations, la moitié des nuits à penser à Vous et à Vos alentours, et les rêves de mon sommeil inquiet ne sont que la continuation de ces idées. Je crains que la résistance de Vos alentours ne retarde Votre résolution ou ne Vous engage à prendre des demi-mesures. Tout ce que j’ai appris depuis me confirme dans la persuasion que ce que je Vous ai proposé est la seule mesure vraiment calculée sur le moment présent. Des vues particulières ne peuvent pas m’aveugler. N’est-ce pas pour sauver cette caste qui me hait que je Vous ai parlé, et que je me suis exposé à contredire ouvertement une idée généralement applaudie? Les députés ecclésiastiques des provinces protestantes sont ici, et travaillent à une proclamation dans l’idée qu’on lèvera les milices de ces provinces. N’exposez pas ces hommes respectables, dont la condition est aujourd’hui trop peu respectée, au ridicule d’avoir fait un travail dont on était persuadé d’avance qu’on n’en ferait pas usage, et avant leur départ donnez leur quelque témoignage de Votre satisfaction. On méprise leur vocation, on hait ou craint leur activité; personne ne parle pour eux.
Dites-moi, je Vous supplie, ce que Vous avez fait quant aux milices, un seul mot, pour que j’aie une idée à laquelle je puisse m’arrêter1. L’incertitude me martyrise dans tout ce qui regarde ou le bien public ou Votre personne chérie. Pourquoi, en sentant un cœur trop aimant, me jeter dans les affaires? Jamais je ne m’accoutumerai à l’idée, malheureusement trop commune, de me consoler du mal par le sentiment d’avoir fait mon possible pour l’éloigner.
Votre Parrot
103. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 12 janvier 1807
Sire!
Le temps des fêtes est passé. Celui du travail des bureaux est venu. Veuillez à présent Vous occuper des écoles paroissiales et me fixer une heure pour Vous offrir mon exposé sur l’état actuel de cette importante affaire. J’ai examiné de nouveau le tout avec le plus grand soin; les mesures que je Vous propose sont énergiques, mais prudentes, mais fondées sur la connaissance la plus intime de la chose. Il faut agir ici avec fermeté. La condescendance que Vous avez eue dans l’affaire des paysans de Livonie a nui et Vous a coûté bien des désagréments. Ici je voudrais Vous les épargner. Je me charge volontiers de la haine des ennemis du bien; je l’ai déjà depuis longtemps. <Pour gouverner les hommes il suffit de le vouloir bien décidément.> Tout le bien que Vous tâchez de faire à Votre nation, à l’Université est en quelque sorte précaire; il dépend en partie des événements futurs. Les écoles paroissiales, qui sous le point de vue sous lequel je les traite, sont nationales, ne dépendent pas des événements. Une fois établies, aucune puissance humaine ne peut le déteindre; elles n’ont besoin que de la première impulsion. Mais il faut saisir l’occasion, qui, comme l’histoire Vous le prouve, ne montre qu’une fois le côté chevelu, le côté par lequel on peut le saisir. Frappez Votre coup. La postérité Vous en bénira et saura à quoi s’en tenir sur la volonté décidée de Votre cœur généreux. Le moment présent doit Vous prouver combien la servitude affaiblit un État d’ailleurs si puissant. Les écoles paroissiales peuvent seules annoncer la liberté sans révolution et sans massacres. Saisissez l’occasion par le côté chevelu.
Je Vous aimerai toujours, fassiez-Vous injuste à mon égard. Voilà ce qui me donne la force d’être sans réserve à Vous. Mes forces physiques et intellectuelles ne reviennent pas. Tirez parti de ce qui m’en reste. Je ne veux que cela.
Je Vous salue de toute mon âme, mon Bien-Aimé.
Votre Parrot
104. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 19 janvier 1807]1
Il m’a été de toute impossibilité de vous recevoir tous ces jours-ci, ayant été accablé de besogne. C’est demain après-dîner que je puis Vous recevoir, tous mes moments pour aujourd’hui se trouvent pris.
Tout à vous. – Tranquillisez-vous, du reste je n’ai nulle envie de Vous tuer.
[Paraphe]
105. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 20 janvier 1807]1
Il m’est survenu une quantité de papiers énorme, je travaille tout l’après-dîner et suis bien loin encore d’avoir achevé. Il m’est donc de toute impossibilité de Vous recevoir, mais je Vous prie de passer chez moi demain après-dîner.
Tout à vous.
[Paraphe]
106. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 21 janvier 1807
Votre billet d’hier, mon Alexandre, m’a fait un plaisir que je ne puis Vous exprimer. J’avais passé près de 2 heures dans la chambre de Gessler, seul, par bonheur uniquement occupé de Vous1. Votre billet arrive et m’apprend que mon Bien-Aimé s’occupe avec ardeur bien de ses sujets, remplit ses devoirs sublimes avec intérêt, avec zèle, avec cet amour de l’humanité que son cœur seul sait lui inspirer. – Vous êtes heureux, Alexandre! O sentez, savourez Votre bonheur. Le sentiment que Vous avez eu en Vous couchant, après avoir rempli Votre tâche est la plus belle jouissance que Votre trône puisse Vous offrir. Votre ami l’a partagé, et a senti plus que jamais le bonheur de Vous appartenir. Continuez d’aimer
Votre Parrot.
107. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 25 janvier 1807
Sire!
Comme c’est demain que le Comte Sawadofsky Vous présente les affaires de son département, permettez-moi de Vous communiquer une réflexion sur le dessein que Vous avez de terminer l’affaire des écoles paroissiales sans discussion au Directoire1. Je sens le prix de cette bonté de Votre part. Je vois dans cette résolution la fermeté avec laquelle Vous voulez agir et la délicatesse avec laquelle Vous voulez me ménager personnellement. Mon cœur en est touché. Mais d’un côté je crois que la chose au moins ne perdra pas à été discutée, et au contraire que j’amènerai ces messieurs à Vous fournir d’eux-mêmes l’occasion de rendre le seul décret qui peut terminer promptement. La seule raison qu’ils pourront alléguer, c’est qu’ils n’ont de rapports que de la Livonie, et ce sera précisément un motif pour Vous de prendre une mesure extraordinaire pour obtenir ce que la négligence des régences des 3 autres gouvernements2 n’a pas encore livré, et que sans cette mesure elle ne livrera de longtemps. Quand à ma personne, ne craignez pas des désagréments, mon Bien-Aimé. Sûr de la fermeté de Vos intentions je n’aurai nul sujet de me fâcher et pour m’assurer encore plus de moi-même je lirai là un mémoire à peu près comme celui que je Vous ai présenté, mais dont j’éloignerai toutes les vérités qui pourraient aigrir (sang froid!), de même que la proposition principale concernant le mode d’exécution. Je suis ferré à glace. Cette séance passée, si Vous en demandez d’abord le résultat au Ministre, de même que mon mémoire et mon plan que Vous envoyâtes il y a bientôt 2 ans au Directoire, Vous serez en possession de tout ce qu’il faut pour porter un décret définitif sans avoir en aucune manière dérogé à la forme.
Vous ne voulez pas me causer de désagrément, permettez-moi de ne pas vouloir Vous aliéner davantage des personnes dont Vous avez besoin. Klinger m’a dit hier au soir qu’il a eu une scène bien désagréable au sujet des représentations que l’on Vous a faites sur le Gymnase de Mitau. La plupart de ces messieurs ne savent pas tenir aux principes, et cèdent aux sollicitations de tout le monde3. Il en a coûté trois ans de guerre ouverte avec ce gymnase et la noblesse de Courlande pour mettre enfin cet institut sur un pied qui réponde au but. C’était autrefois un institut hermaphrodite qui, gouverné dans le sens philanthropique, contenait toutes les espèces d’études, où dans trois ans on voulait faire des jeunes gens ce que nous pouvons à peine en faire par des études de 9 années dans les écoles de district, les gymnases et l’université. On a employé toutes les ruses et avaries possibles pour arrêter la régénération de ce gymnase et éluder le rescript particulier que Vous avez donné à ce sujet. L’offre que fait la noblesse d’augmenter les fonds de cette école tend uniquement à rétablir l’ancien désordre pour parvenir enfin à obtenir par là le droit de ne pas faire étudier les Courlandais à Dorpat. Si ces messieurs sont vraiment patriotes, qu’ils employent la somme annuelle qu’ils Vous offrent à améliorer le sort des maîtres en leur donnant les logements que la Couronne ne peut pas leur donner, ou l’équivalent en argent. Par là ils seront sûrs de toujours avoir les meilleurs maîtres qui soient dans tout l’Empire et peut-être en Europe. La seule chose qu’ils puissent réclamer, c’est que leur ancienne constitution ne soit abolie que par un ordre immédiat et formel énoncé de Vous, et non pas seulement par un décret du Directoire4. Si Vous voulez entrer dans les détails de cette affaire, je suis à même de Vous les fournir. Ils me sont encore très présents. Klinger pourra de même Vous les donner.
Permettez-moi de Vous rappeler l’affaire de Sonntag et des patentes des professeurs comme choses de moins d’importance que les grandes affaires font aisément oublier.
Bon jour, mon Bien-Aimé! Je suis bien plus heureux depuis la dernière soirée que Vous m’avez accordée.
Votre Parrot
108. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 27 janvier 1807
Sire!
Lorsque Vous me parlâtes de la gazette estonienne qui s’imprimait à Dorpat1, je ne pus Vous répondre que des intentions du rédacteur, ni moi ni les professeurs de l’Université ne pouvant alors juger pour nous-mêmes de son contenu parce que nous ne savons pas l’Estonien; nous en avions confié la censure au premier pasteur de Dorpat2 qui à d’autres égards doit savoir le mieux ce qui convient de dire au paysan des environs de Dorpat. À présent j’ai reçu une traduction officielle de tous les articles qu’on appelle politiques de cette gazette, et après l’avoir lue j’ai été indigné de la vile manœuvre de Mr. de Pistohlkors, de la facilité avec laquelle le Comte Kotschubeÿ, sans examiner mûrement la chose, soupçonne l’Université de mauvaise volonté dans son avis à notre Ministre, et de la tranquillité avec laquelle notre Ministre a supporté cela sans demander une déclaration de la part de l’Université. Cette gazette contient principalement quantité de préceptes utiles pour l’économie et la morale du paysan, des exemples de patriotisme et de bonnes actions en général et en outre à chaque feuille un petit article d’événements politiques. Il n’est parlé que dans le 1er No. de la bataille d’Austerlitz, et comment? Les propres termes sont: «L’année passée vers Noël il y a eu une grande bataille entre les russes et les français près d’Austerlitz, ville d’Allemagne». Et puis, sans parler des suites, sans dire qui l’a perdue ou gagnée, on raconte deux traits de bravoure russe, l’un d’un enseigne qui s’est enveloppé de son drapeau, l’autre du jeune fils de Buxhöwden qui doit avoir accompagné son père dans les endroits les plus dangereux. Le seul passage où d’ailleurs il soit parlé de la Russie comme puissance belligérante est celui où on raconte les succès des russes en Perse, la trahison <turque> qui a coûté la vie à Zizianof3. Les autres articles de guerre concernant les autres puissances sont tous choisis à l’avantage de nos alliés. Pas une syllabe à l’honneur des français. Les anglais battent toujours les français sur mer, et les français sont toujours des pirates qui enlèvent ou détruisent de pauvres vaisseaux marchands sans défense.
Sire, si le gouvernement avait soldé un gazetier pour instruire le paysan conformément aux intérêts de la Russie, pour préparer les écrits et les sermons que les pasteurs doivent publier par Votre ordre parmi les paysans, il eût été impossible de s’en acquitter mieux. On dit que le paysan ne doit pas être instruit de ce qui se passe hors de sa sphère d’activité. En admettant même ce principe il ne fallait pas prohiber la gazette purement et simplement, mais seulement les articles politiques. Mais ce principe est-il admissible? Je Vous ai dit, et je m’engage à le prouver de toute manière, que le paysan est instruit des événements politiques, par les domestiques des seigneurs, c.à.d. par la partie la plus corrompue des paysans. Cela même serait déjà un motif pressant de le mieux instruire pour détruire les fausses idées. En outre il se trouve des moments de crise où l’on a besoin du gros de la nation. Instruit à faux comme il l’est, dénué de toute source pure pour raisonner ou déraisonner sur ce qu’on lui demande, la proclamation qui arrive subitement ne peut pas faire l’effet désiré; on n’a point de confiance à un tableau que le gouvernement offre, et qui contraste avec les fausses idées qu’on avait.
Permettez-moi de passer de ces considérations particulières à des idées générales sur la censure. Votre Parrot ne peut pas Vous induire à erreur. Votre cœur et l’expérience Vous en assurent.
Vous avez donné le règlement de censure le plus beau, le plus humain, le plus raisonnable qui ait été jamais donné4. Vous avez déclaré dans ce règlement que la censure doit non arrêter mais protéger les progrès de la littérature et la vraie liberté des idées, que les passages d’un livre sujets à double sens doivent être interprétés en faveur de l’auteur, que l’on peut écrire et censurer les actes du gouvernement pourvu que cela se fasse avec modestie et dans l’intention du bien public. Les principes qu’on suit dans l’exécution sont diamétralement opposés à Vos principes, à ceux que Vous avez annoncés à la Russie et à l’Europe. Le journal de Heideke à Moscou a été anéanti et l’auteur persécuté5, sous prétexte de quelques fredaines que je désapprouve moi-même mais qu’il suffisait d’interdire, si le vrai but n’eût pas été de faire taire un journal qui découvrait avec véracité, et sur la foi du règlement de censure, des abus énormes d’administration. On défend une gazette estonienne, non seulement innocente, mais utile à tous égards, sur la délation de Pistohlkors connu comme un mauvais sujet, uniquement pour jeter un jour pernicieux sur l’Université de Dorpat; on saisit un petit ouvrage (que Vous examinez à présent) par lequel l’auteur s’acquiert des droits à Votre reconnaissance6 – et dans chacun de ces cas l’Université de Dorpat est maltraitée. Sire! Envisagez la chose sous tous les points de vue possibles, et Vous verrez combien cet esprit de vétilles qui s’est emparé de Vos Ministres, de ceux mêmes qui avaient autrefois les idées les plus libérales, nuit à la solidité et à la gloire de Votre gouvernement. L’Université se trouve toujours entre deux feux, son devoir de suivre le règlement que Vous avez donné, et le mauvais esprit qui règne ici. Si elle suit le règlement on la persécute, si elle ne le suit pas le public lui demande compte d’une sévérité contraire à Vos intentions manifestes, elle trahit ses devoirs, elle hasarde une partie de Votre gloire à l’intérieur et surtout à l’étranger. Vous Vous souviendrez que j’ai prévu que Bonaparte en s’approchant de nos frontières sentait son défaut de moyens, uniquement par le principe que la tyrannie est engendrée par le sentiment de sa propre faiblesse. Ce principe est général, et on taxera Votre gouvernement de faiblesse si Vous permettez qu’on agisse contre l’esprit d’humanité et de loyauté qui caractérise Votre règlement de censure. Sous Catherine IIe il n’y avait point de règlement de censure, mais la censure était douce, et pendant tout son règne on a à peine prohibé autant de livres que sous le Vôtre.
Peut-être je m’exprime durement. Mais Vous me connaissez. Je ne puis rien pallier dès qu’il s’agit de Vous lorsque je Vous parle. N’oubliez pas que c’est Vous qui êtes responsable de tout, que, de la manière dont on traite les choses, la responsabilité dont Vous avez chargé les Ministres lors de l’établissement des Ministères, retombe sur Vous seul. Ne Vous fâchez pas de la voix austère de Votre ami, qui ne veut d’autre jouissance que celle de Vous aimer, qui cherche tout son bonheur dans Votre cœur et dans Votre bien-être.
Votre Parrot
Retournez à Vos principes, à Vous-même; employer le levier puissant de la publicité pour amener Votre nation, Vos grands même, où Vous voulez les avoir. Vous sentez Vous-même que les meilleures ordonnances sont insuffisantes. Vous comptez sur l’éducation, sur l’instruction publique et avec raison. La publicité est l’éducation de la nation. Mais si, en anéantissant la publicité, on rend suspects les instituts qui doivent y veiller, si on les moleste dans leurs fonctions, que pouvez-Vous espérer de ces moyens? Dorpat s’est jusqu’à présent préservé de la corruption qui doit en résulter. Nous sommes encore attachés à nos devoirs, mais si on continue à agir contre nous, je pourrai Vous fixer à quelques mois près l’époque de notre corruption. Nulle part on n’a vu 28 héros rassemblés. Nous lèverons nos vœux à être libres, c.à.d. à agir dans Vos principes. Le reste nous est étranger, et c’est le sens dans lequel je voudrais que Vous nous traitassiez. Point de distinctions extérieures, mais que personne ne puisse nous empêcher impunément de faire notre devoir.
Que ne pourrais-je pas Vous dire encore sur cet article important de la publicité? Vous savez qu’on a pour maxime de n’instruire la nation de rien. Même la Gazette de Pétersbourg est dans un état pitoyable7. Storch a fait plusieurs propositions pour la rédiger d’une manière plus digne de Votre règne; mais il ne peut pas percer. <Votre ennemi emploie tous les moyens imaginables de travailler l’opinion des français et des allemands et l’on Vous ôte ceux de travailler l’opinion de Votre propre nation!>
Je Vous ai parlé avec zèle en faveur de la publicité. Ne croyez pas que je croie pour cela qu’il faille être léger sur cet objet important. Combien souvent j’eusse voulu écrire! Combien j’ai de matériaux intéressants! Et cependant depuis que je suis à Dorpat je n’ai écrit que des traités de physique et de chimie pour les journaux étrangers, parce que je sens que ce n’est pas à moi de plaider la bonne cause en public, la providence et Votre cœur m’ayant confié le droit de la plaider devant Vous.
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