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Автор книги: Андрей Андреев


Жанр: Зарубежная образовательная литература, Наука и Образование


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128. G. F. Parrot à Alexandre IER

Wenden, 20 juillet 1807


Sire!

Le Ministre de l’instruction publique a demandé à savoir le nom de l’auteur1 et du censeur de l’ouvrage sur les livoniens et les estoniens qui Vous a été remis l’hiver dernier, pour sévir contre eux. Je suis le censeur de cet ouvrage, comme Vous savez, et ce n’est pas par ce qui me regarde que je Vous écris en ce moment. C’est pour l’auteur. Empêchez ceux qui se mêlent de cette affaire de souiller la générosité de Votre règne par une injustice manifeste qui révolterait tous les gens de bien en Russie et à l’étranger. Vous avez donné un règlement de censure, et l’auteur s’y est soumis. Le despotisme de certaines personnes s’endosse d’un manteau de la pusillanimité pour en empêcher l’exécution; qu’on Vous demande d’abroger ce règlement. Vos lois doivent être exécutées. Empêchez la persécution des honnêtes gens qui veulent encore s’exposer à faire le bien – leur nombre n’est pas trop grand. Et soutenez la loyauté de Vos principes qu’on veut fouler aux pieds par tous les moyens imaginables.

J’ai commencé à Riga une lettre sur les objets dont Vous m’avez parlé à Wolmar; mais le peu de temps qui me reste jusqu’au départ de la poste ne me permet pas de la faire.

Adieu, mon Bien-Aimé! Je Vous plains d’être Empereur.

Votre Parrot

129. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 11 août 1807


Sire!

Le moment de l’embarras concernant les séminaires pour les écoles paroissiales est venu; et sûrement j’aurais attendu Votre réponse à la seconde partie de ma dernière lettre1 si cet embarras n’était pas pressant. L’Université ne veut pas aller plus loin dans les mesures qu’elle a prises pour l’établissement des séminaires avant l’arrivée de l’Ukase pour les écoles paroissiales, de peur de se charger d’une trop grande responsabilité. Elle a déjà fait (avant les vacances) un contrat pour l’établissement d’un séminaire et est sur le point d’en conclure deux autres; mais pour ceux-ci elle hésite non seulement, mais elle m’a déclaré ne pouvoir point se hasarder davantage quoique j’aie rapporté officiellement au conseil ce que Vous m’avez dit à Wolmar, «que nous devions continuer à prendre les mesures nécessaires sans nous inquiéter du retard de l’Ukase attendu et que Vous feriez expédier l’Ukase déjà tout fait d’abord après Votre arrivée à Pétersbourg». Sire! n’imputez pas à l’Université cette espèce de méfiance. Elle ne touche pas Votre parole mais la mienne, et comme je n’ai jamais fait de me vanter de Votre confiance il est très naturel que l’Université hésite à se charger de la responsabilité de sommes considérables sur ma simple parole. Le reproche officiel que notre Ministre nous a donné au sujet de l’affaire de censure qui n’est pas encore terminé (le livre sur les lettes et les estoniens) quoique la loi formelle autorise non seulement, mais prescrive la manière dont nous avons agi, ne peut que répandre de la défiance dans toutes nos démarches. Veuillez, je Vous supplie instamment, faire publier l’Ukase en question, surtout sans l’exposer à de nouvelles modifications puisque l’expérience Vous a prouvé que ces modifications tendent à la ruine de la chose. Veuillez le faire publier sans délai. Un plus long retard nous ferait non seulement perdre une année entière, mais décréditerait la chose aux yeux du public, donnerait de nouveaux moyens aux adversaires et compromettrait l’Université à un haut degré. Je ne Vous parle pas de mon propre embarras. Quiconque Vous aime doit savoir s’exposer et ce que je Vous ai dit tant de fois, je le pensais, je le sentais; et je suis fidèle à mes principes. Soyez heureux autant que possible dans le nouvel ordre de choses que la politique actuelle a établi. C’est le seul vœu de

Votre Parrot.

130. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 8 septembre 1807


Je suis extrêmement affligé de rien apprendre touchant les écoles paroissiales. O mon Alexandre! ne Vous fâchez pas de mon assiduité à poursuivre cet objet. Vous en connaissez l’immense importance; Vous la sentez; Vous avez cette persuasion intime dans Votre esprit et dans Votre cœur, cette persuasion qui agit, qui met tout en mouvement. Vous serait-il survenu quelque nouvelle difficulté, Vous aurait-on montré quelque inconvénient qui ont fait changer d’opinion sur cet établissement sublime? Daignez me le communiquer; je suis sûr de pouvoir lever toutes les difficultés, parer tous les inconvénients. L’idée est si juste, le motif si pur. O mon Bien-Aimé! Est-il dans la nature des choses, est-il dans l’idée d’une providence juste et bonne que ce qui est bon et juste soit inexécutable? Non – tant que je vivrai et serai maître de ma raison je serai persuadé que quand le bien ne se fait pas c’est notre propre faute, non celle de la providence. Je ne perdrai cette persuasion que quand je Vous perdrai. Que n’avez-Vous pu voir l’école de Canapäh comme je l’ai vue ce mois de juillet! Que n’avez-Vous été témoin comme moi de l’ordre de la sobriété et la propreté qui y règne, de bon esprit et de la gaîté qui anime les écoliers, des connaissances morales, rurales et techniques qu’ils acquièrent. Que n’avez-Vous entendu leurs cantiques à l’église, leurs chansons populaires où le refrain répète à chaque instant le nom chéri de leur auguste Bienfaiteur. Devenus hommes Vous pouvez compter sur eux, sur leur amour pour Vous, sur leur attachement à la Patrie. À chaque instant je Vous souhaitais présent pour Vous procurer la joie la plus pure que Vous ayez jamais goûtée. Vous n’auriez pas reconnu dans ces jeunes gens gais, actifs, rigoureux, intelligents la nation avilie, abrutie sous le joug. Ne croyez pas pour cela qu’ils reçoivent une éducation disproportionnée à leur état futur. L’instruction embrasse cet état dans toute son étendue sans en passer les bornes. Les travaux manuels alternent avec l’instruction. Ces écoliers font eux-mêmes tout ce qu’ils doivent faire au jour. Ils labourent, ensemencent, hersent leur propre champ, qu’un gentilhomme leur a donné. Ils construisent eux-mêmes leur charrue, leur herse, leurs chariots <attelage>, ils font des corbeilles, les vases de bois, des cordes aussi bien que le charron, le corbeiller, le tonnelier, le cordier. Tout leur réussit. Ils vendent souvent de ces objets aux paysans des environs et le profit étant pour eux et en commun ils s’accoutument à l’activité et à l’esprit public avec la plus grande gaîté. Le plus grand reproche qu’on fait aux lettes et aux estoniens est la paresse, la malpropreté et l’ivrognerie. Une durée de ces écoles (répandues sur toute la surface de ces provinces) de 20 ans seulement fera disparaître ces vices presque partout. Vous voulez le Bien, ô mon Bien-Aimé! Le voilà en Vos mains. Ne Vous en laissez pas détourner par des motifs recherchés par la mauvaise volonté. Frappez sans délai ce coup bienfaisant. Vous sentez Vous-même que l’occasion d’être si utile aux nations que Vous gouvernez ne revient pas souvent.

Je Vous avais prié de faire recevoir au corps des cadets mon pupille, le fils du conseiller de collège défunt Roth. Vous avez son nom, son âge et son extraction, Klinger aussi. Permettez-moi de Vous en faire souvenir. Veuillez m’accorder ce bienfait. Mes dépenses journalières augmentent, mes deux fils sont devenus étudiants et j’ai d’ailleurs encore deux enfants adoptifs.

Le professeur Grindel m’a prié de Vous envoyer le 5e volume de son journal de pharmacie1 pour preuve de l’emploi des 100 Roubles que Vous lui avez accordés. La 1re page contient la question proposée <pour le prix>. Il n’a pas annoncé qu’il doit ce prix à Votre générosité, parce qu’il n’est pas encore assigné officiellement. Mais il désire pouvoir le faire pour inspirer plus de confiance et donner à son ouvrage vraiment utile un nouveau lustre. Il se trouve dans ce volume un petit traité sur les fabriques chimiques relativement à la pharmacie. Mais comme je ne puis supposer que Vous ayez le loisir de le lire, permettez-moi de Vous en donner un extrait, Grindel m’ayant dit que l’on propose à Pétersbourg d’établir de pareilles fabriques pour les besoins des apothicaireries russes. Je serai aussi bref que possible.

L’utilité de ces fabriques se rapporte à trois points principaux:

1) De pareilles fabriques livrent toutes les drogues préparées dont on a besoin; ce qui est un bien pour les apothicaireries dont les possesseurs ne sont pas assez instruits pour préparer les drogues.

2) Elles les livrent de la même qualité; par conséquent les médecins sont plus sûrs de leurs effets.

3) Le prix de la main d’œuvre reste dans le pays pour les drogues qu’on a jusqu’ici fait venir de l’étranger.

Les désavantages sont les suivants.

1) De pareilles fabriques, en dispensant l’apothicaire de la préparation des drogues le dispensent d’acquérir les connaissances nécessaires, réduisent son activité à des travaux purement manuels, tels que peser, mêler, faire des pilules et des onguents ou emplâtres etc. Elles fomentent par conséquent l’ignorance et retardent les progrès des connaissances qui commencent à percer dans cette branche de la police médicinale. Personne ne voudra plus s’instruire dès que l’instruction sera devenue inutile.

2) L’apothicaire recevant ses drogues des fabriques ne peut pas être responsable de leur bonté. Il achète et vend ce qui se trouve dans les fabriques; il n’est que mercier.

3) Supposant que l’apothicaire voulût cependant faire plus que son devoir et examiner les drogues qu’il reçoit, il ne le pourra pas faute de connaissance, puisque ces connaissances lui sont devenues inutiles pour son métier. Et même ayant appris la chimie, il ne pourra pas l’appliquer faute d’exercice (en outre l’analyse des drogues est incomparablement plus difficile que leur composition). Je crois savoir la chimie aussi bien qu’aucun apothicaire; mais je serais à coup sûr plus mauvais apothicaire que le moindre des élèves de Grindel, parce que tout art veut être exercé. En outre les drogues composées se corrompent par le temps, par le chaud, le froid, l’humidité, par les bouchons imparfaits etc. L’apothicaire sans connaissances ne pourra pas juger de ces effets, et si on eût le punir pour ses drogues gâtées, il dira toujours qu’il les a reçues telles; il pourra même les falsifier sans qu’on puisse le convaincre.

4) L’inspection des fabriques pharmaceutiques sera bien plus difficile que celle des apothicaireries, parce que le possesseur d’une pareille fabrique sera beaucoup plus riche que tous les apothicaires ensemble, et sera à même d’employer de plus grands fonds à la corruption des inspecteurs, corruption qui, comme Vous savez, est dans toutes les branches d’administration réduite en un système très bien calculé. On aura dans ces fabriques deux magasins l’un de bonnes drogues, l’autre de mauvaises; et les apothicaires chez qui on trouvera les dernières seront punis pour les friponneries des fabricants.

Veuillez, je Vous prie, consulter là-dessus le père de la police médicinale, l’immortel Franck, trop peu employé et trop peu puissant à Pétersbourg, relativement au bien qu’il pourrait et voudrait faire.

Accordez-moi, je Vous supplie, un mot de réponse sur les écoles paroissiales. Votre dessein n’est sûrement pas de me laisser dans cet état pénible d’inquiétude, qui me paralyse non seulement pour cet objet, mais aussi dans mes autres travaux. Vous avez Vous-même exigé que je ne doute jamais de Vos bontés.

131. G. F. Parrot à Alexandre IER

Dorpat, 10 octobre 1807


J’avais espéré au mot de la part du Bien-Aimé sur ma dernière lettre du 8 septembre. Mon espérance a été vaine. Vous sentez sûrement que je dois souffrir de cette cruelle incertitude, et Vous ne voulez pas que je souffre. Il me reste une lueur d’espérance, c’est que Vous avez hésité de me répondre parce que les postes ne sont pas sûres. Je sens que Vos lettres ne doivent pas être profanées. Mais en le remettant à Gessler elles me parviendront sûrement par le canal de Klinger. Veuillez, je Vous supplie, me tirer de peine.

Sivers, notre pauvre Sivers se morfond à Pétersbourg à attendre la décision sur l’affaire des paysans. Il se ruine en attendant, ou plutôt il est ruiné par les dépenses énormes pour sa fortune, que ces voyages lui ont causées. Cette année de disette qui le met hors d’état de payer les rentes de ses dettes le culbute entièrement, et sa terre va être saisie par la caisse de crédit pour laquelle il a tout fait1. Vous aviez ordonné autrefois qu’il recevrait une arrende, qui l’eût sauvé. Il ne l’a pas reçue; Vous ne l’aviez pas cru lorsque je Vous en avertis il y a un an. À présent sa ruine en est la preuve.

Sivers a témoigné de tout temps le plus grand désintéressement. Tous les voyages et séjours qu’il a fait à Pétersbourg sont à ses frais. Autrefois il a eu la générosité de refuser les remboursements quand il travaillait à l’avantage de la noblesse qui a toujours eu tant de demandes à faire sous tous les règnes. À présent qu’il travaille pour le paysan on se garde de lui offrir des remboursements tandis que les ennemis <de paysan, les Buddenbrock, les Pistohlkors> sont entretenus magnifiquement à Pétersbourg par la noblesse qui traîne l’affaire au longueur, sûre que la fortune de Sivers appauvri ne tiendra pas longtemps. Sire! Si Sivers tombe et de cette manière, dites-Vous à Vous-même que la Vertu est tombée et ne comptez plus sur la patriotisme d’aucun gentilhomme. C’en est fait de la cause publique. – Pauvre Livonie! – Vous avez des terres de reste dans cette province. Donnez dix Haken à Sivers en arrende, pour le mettre en état de faire feu à ses affaires, et soyez sûr que jamais don n’a été mieux placé. Que n’ai-je de la fortune! Sivers ne serait pas dans l’embarras.

Adieu, mon Alexandre! Je ne puis renoncer à Vous nommer ainsi. Mon sentiment pour Vous est trop profond.

Votre Parrot

132. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 23 octobre 1807


Sire!

Le Directoire de l’instruction publique a décrété malgré les protestations de Klinger de Vous présenter un plan pour le gymnase de Mitau qui change ce gymnase en une Académie qui sera en même temps Gymnase et Université avec les prérogatives des universités1. Votre plan général d’instruction publique, qui a été universellement applaudi par toute l’Europe savante, va recevoir par là une atteinte, la plus sensible qui puisse lui être portée.

Fatigué des sollicitations qu’on faisait pour ce gymnase Vous avez enfin permis cet hiver qu’on lui accorde quelques-uns des privilèges du gymnase ci-devant. À présent on lui accorde non seulement tout, mais même davantage puisqu’on veut lui donner même l’inspection de toutes les écoles du gouvernement afin que ces demi-professeurs sous la tutelle de la noblesse contrarient l’Université dans l’établissement des écoles paroissiales.

Vous avez les plus fortes raisons de ne pas signer un plan pareil; je Vous les ai alléguées autrefois au long; Vous les avez trouvées justes. Permettez-moi de Vous en offrir l’extrait.

1) Ces instituts hermaphrodites qui doivent servir de gymnase et d’université ne peuvent par leur nature remplir ni l’un ni l’autre but. On propose dans ce plan 15 professeurs qui doivent enseigner les sciences préliminaires et les hautes sciences. Dans les gymnases il y en a 6 pour les sciences préliminaires et dans notre Université 28 pour les sciences supérieures. Par conséquent la jeunesse ne pourra y recevoir pas la moitié de l’instruction nécessaire pour des études en règle.

2) Cet institut dépourvu des collections et appareils nécessaires pour les hautes sciences ne pourra que raconter, non faire voir ce qui constitue ces sciences, ou il faudra lui procurer ces appareils, lui bâtir les bâtiments nécessaires etc. – Notre Université a pour au moins 100 000 Roubles d’appareils sans compter les bâtiments.

3) Les sujets qui doivent y recevoir leur instruction étant en même temps écoliers et étudiants ne seront bien ni l’un ni l’autre. Les écoliers perdront l’esprit de leur état, voudront être traités en étudiants et ne se soumettront pas à la discipline des gymnases. Les étudiants n’auront ni la maturité de l’âge ni les connaissances nécessaires à leur état, et ne pourront faire les progrès nécessaires.

4) Cette espèce d’instituts est un produit monstrueux du système philantropique qui a ruiné l’éducation en Allemagne, en ne produisant que des têtes légères qui avec une teinture de tout croyent tout savoir. Les étudiants qui nous viennent de Mitau nous en sont la preuve. L’Allemagne s’est repenti trop tard pour son existence politique de ce système et l’a déjà rejeté. En Russie, où cette superficialité est un défaut principal de l’esprit public, de pareils instituts seraient encore bien plus nuisibles. La vraie tendance de l’esprit de l’éducation publique en Russie doit être surtout de terrasser à la fin cette superficialité qui fait que l’État dans le besoin se trouve si pauvre en sujets vraiment capables.

5) Un institut académique comme on veut en avoir un à Mitau, dont les étudiants auront les mêmes droits que ceux des universités, enlèvera aux universités tous les Courlandais, puisque les études y seront plus superficielles, par conséquent plus aisées, de moins de durée, et mèneront cependant à tous les emplois. Ainsi l’Université de Dorpat perdra une des 4 provinces que Vous lui avez assignées.

6) La noblesse d’Estonie a à Reval un institut tout semblable qu’elle a fondé et qu’elle entretient totalement à ses frais. Elle a bien plus de droits à faire une demande pareille que celle de Courlande, et dès que les Courlandais auront réussi, elle ne manquera pas de la faire, se trouvant également choquée que leur gymnase soit sous la direction de l’Université. Vous n’aurez aucune raison valable de refuser à la noblesse de Reval ce que Vous avez accordé à celle de Courlande et l’Université de Dorpat perdra la seconde de ses provinces. Celle de Livonie pourra faire les mêmes prétentions, 6000 Ecus annuels, que les Courlandais offrent, ne lui paraîtront pas trop pour rentrer dans ses anciennes prétentions de régir l’instruction publique, et Dorpat devra être transféré à Wiburg pour avoir une trentaine d’étudiants. C’est ainsi qu’en Vous séduisant à des concessions pareilles on veut Vous amener à ruiner Vous-même l’Université de Dorpat que Vous avez établie avec tout de soin et qui ne se fait d’ennuis que parce qu’elle entre vraiment dans Vos vues en établissant un système d’instruction solide opposé à la frivolité régnante.

7) Malgré tous les prérogatives qu’on doit accorder à cet institut de Mitau, il doit cependant être soumis à Université!!! Pensez-Vous que des professeurs qui n’auront qu’un grade de moins que ceux des universités, qui obtiendront bientôt par ses incitations ce petit avantage, qui seront d’autant plus arrogants que leur mérite sera au-dessous de leur titre, à qui on veut confier même la direction des autres écoles de la province se soumettront de fait à l’Université? Ce sera une semence de guerre éternelle.

8) Il y a 4 ans Vous avez donné un rescript formel, motivé par le Directoire lui-même, qui porte que le Gymnase de Mitau doit rester gymnase. Il semble qu’il existe un projet de Vous engager à donner des ordres contradictoires. Je m’abstiens de réflexions ultérieures à cet égard.

9) On dit qu’on a déjà fait un établissement de ce genre, celui de Dimidov2. Mais si on a déjà été une fois infidèle aux principes doit-on l’être toujours? D’ailleurs la reconnaissance pour le fondateur excuse en quelque sorte une inconséquence. Mais quelle reconnaissance doit-on à Mitau? Cet institut a été fondé par le Duc Pierre, entretenu des revenus de ses domaines qui sont à présent Vos domaines. C’est donc Vous qui avez le mérite de cet entretien, et ce sera donc par reconnaissance pour Vous-même qu’on veut Vous engager à miner, à détruire Votre grand ouvrage de l’instruction publique – cet ouvrage, sur lequel la postérité jugera de Vos vues et de Votre fermeté à les soutenir3.

* * *

Les écoles paroissiales de Wilna sont décrétées. Le Directoire ne fait point d’objections pour celles-là. Celles de Dorpat sont présentées depuis trois ans à Votre sanction, et ne l’ont pas encore obtenues! Sire! Où tout cela mènera-t-il? Les polonais de Vos provinces sentent eux-mêmes qu’il faut faire quelque chose pour le paysan depuis que Bonaparte a décrété la liberté de leurs voisins4. Nous sommes aussi les voisins des polonais. Schlötzer, ce fameux publiciste allemand, m’a fait demander où en sont nos écoles paroissiales. Il ne conçoit pas qu’elles ne soient pas encore établies, et professe publiquement les mêmes principes que je Vous détaille depuis 3 ans.

Puisse cette lettre arriver dans une heure fortuné! Puisse-t-elle empêcher le mal et décider le bien. – Je souffre infiniment, mais je sens aussi que je ne voudrais pas occuper le trône de Russie.

Pardonnez ma mauvaise écriture. J’écris en hâte, et pour ne pas perdre de temps je Vous envoie cette lettre par estafette.


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