Автор книги: Андрей Андреев
Жанр: Зарубежная образовательная литература, Наука и Образование
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109. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 30 janvier 1807
Sire!
Tout conspire contre Sonntag. Le Kameralhof de Riga a fixé le 31 janvier, le 6 et le 8 février de cette année pour les 3 termes auxquels on donnera au plus offrant la terre de Colberg à ferme et a publié ces termes par la feuille hebdomadaire. Si Vous êtes décidé comme autrefois à affecter cette terre à la surintendance générale de Riga et à mettre Sonntag en état de vivre de sa place, il n’y a pas un jour à perdre pour donner ordre au Ministre des finances de suspendre l’encan que le Kameralhof a publié.
On assure généralement que Vous voulez faire sous peu un voyage en Pologne. Je n’y ai ajouté aucune foi jusqu’à présent, ne pouvant déchiffrer le motif de ce voyage. Mais comme on parle à présent très positivement des préparatifs et que Vous pouvez avoir cent motifs que j’ignore, je ne puis me défendre de trouver la chose possible1.
Ayez pitié de mes pauvres écoles paroissiales et veuillez terminer avant Votre départ, s’il a lieu.
Ne Vous fâchez pas de l’éternelle importunité de
Votre Parrot.
110. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 4 février 1807
J’ai mêlé hier ma voix à la voix publique en rendant mes actions de grâces à la Providence. J’ai fléchi le genou avec enthousiasme devant l’Être suprême qui Vous protège. Pourrais-je ne pas Vous dire, à Vous, quelle joie mon cœur a éprouvée en apprenant Votre victoire1? Elle est à Vous. C’est le fruit de Votre choix, de Votre confiance en Benningsen, au même titre qu’on attribue toute victoire au Général qui commande l’armée. J’avais passé la nuit précédente dans l’inquiétude. Je connaissais la situation critique de l’armée par des détails sûrs. À mon lever j’apprends l’heureuse nouvelle et ma première idée, mon premier sentiment fut Alexandre – Alexandre vainqueur! Mon Héros! Vous êtes le représentant de l’humanité. Tous les malheureux foulés par l’ambition et la tyrannie ont les yeux sur Vous. Vous serez leur libérateur. Chaque victoire rehausse leurs espérances et Vous donne de nouvelles forces pour faire fleurir avec vigueur les principes de Votre règne dans Votre propre Empire.
À présent j’ose Vous demander une entrevue pour les écoles paroissiales, pour apprendre de Vous ce que Vous avez fait ou ce que Vous ferez. À présent Votre temps est plus à Vous, Votre âme est plus libre. En allant à l’église Vous n’aviez pas l’air triomphant. Vous alliez Vous présenter à l’Être suprême, et Votre âme était émue de la perte de tant de braves qui sont morts pour défendre Votre cause. O combien je Vous ai aimé en cet instant! Sois heureux, mon Alexandre! Conserve dans la prospérité ce précieux don de profonde sensibilité dont la nature t’a si richement donné.
111. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 5 février 1807
Sire,
Les bruits de Votre départ prochain se confirment de plus en plus, et je ne suis pas avancé d’un pas pour les écoles paroissiales. Soyez persuadé que de quelque manière que Vous veuillez terminer cette affaire, ce ne sera pas en deux ou trois jours. Si elle ne se fait pas à présent, c’est un an perdu, et pendant cette année les difficultés s’accumuleront. Vous voyez par l’exemple du Gymnase de Mitau avec quelle persévérance la noblesse poursuit ses projets. Après 3 ans de manœuvres on est parvenu à Vous engager à Vous rétracter sur ce que Vous aviez ordonné à cet égard par un rescript particulier, et sur tout ce que le Directoire et l’Université avaient fait en suite de ce rescript. On a surpris Votre religion en Vous alléguant Votre confirmation des privilèges de la Courlande1. Mais, Sire, si l’on pose en principe qu’une confirmation pareille faite à Votre avènement au trône doit être prise à la lettre, que des motifs pressants du bien public ne peuvent y déroger, les abus se perpétueront de génération en génération, et le droit que la constitution de l’Empire Vous donne d’abroger d’anciennes lois et d’en donner de nouvelles devient au moins problématique. Pour m’en tenir à la partie de l’instruction publique dans laquelle je suis employé je dois Vous alléguer que les villes de Riga, Mitau et Dorpat, Wiburg même avait des droits aussi considérables. Les villes avaient seules le droit d’inspection sur leurs écoles; aucune autre autorité ne pouvait s’en mêler; c’était un de leurs privilèges que Vous aviez également confirmés. Et cependant Votre Ukase du 24 Janvier 1803, qui contient les fondements du nouveau système de l’instruction publique, anéantit ces privilèges, et implicitement ceux du Gymnase de Mitau. Si ces villes à l’exemple du Gymnase de Mitau réclament ce privilège, pour les mêmes raisons, il faudra les leur accorder et Votre plan d’instruction publique sera anéanti.
Votre dernier ordre touchant le Gymnase de Mitau porte que la constitution primitive de cette école doit être rétablie mais qu’elle doit être sous la direction de l’Université2. Mais, Sire, ceux qui Vous ont présenté cette affaire Vous ont-ils dit que l’exécution en est impossible, que cet ordre est incompatible avec tout le système de l’instruction publique, qu’il se contredit lui-même? Veuillez, je Vous supplie, avoir la patience de lire cet exposé, l’objet étant d’une grande importance par ses suites <car si les choses restent sur ce pied, c’est la première pierre qu’on ôte aux fondements de Votre système d’instruction publique, les autres suivront plus aisément3>. Si je ne Vous prouve pas cela punissez-moi comme un traitre qui veut Vous abuser.
D’abord dans le § 3 de la constitution du Gymnase de Mitau le Duc Pierre dit positivement qu’il se réserve à lui et à ses successeurs le droit de faire les changements dans les fonds et en tout ce qui est convenable au bien de la chose. Or Vous êtes son successeur en Courlande et plus.
Les § 4–13 contiennent la juridiction générale du Gymnase, qui est plus plénière que celle des universités. Le reste jusqu’au § 39 contient des extensions particulières de cette juridiction. En vertu du § 4, 5 et 6 il existe un recteur et un conseil académique soustrait à toute autre espèce d’autorité, qui décide sans appel de tout ce qui a rapport aux membres du gymnase et aux écoliers, excepté les cas criminels. Le § 11 donne à ce gymnase un sceau particulier, qu’on a refusé à la commission de toutes les écoles de 4 gouvernements4. Selon le § 14 les professeurs et autres membres sont sous la protection immédiate du Duc: dans les cas où tout le conseil du gymnase serait attaqué à la cour souveraine du Roi de Pologne, le duc s’engage à plaider sa cause5. Selon le § 27, 28, 29 et 30 tous les revenus de ce gymnase sont administrés uniquement par le recteur et un des professeurs, qui au changement du rectorat ne rendent compte qu’au conseil du gymnase, qui en cas de mauvaise administration s’en tient aux biens de celui qui a mal administré. Selon le § 31 la censure de tout ce que non seulement le gymnase mais aussi chaque maître en particulier fait imprimer ne dépend que du conseil ou du membre qu’il aura nommé pour la censure. Selon § 27 le conseil nomme les professeurs aux places vacantes et le Duc les confirme. Selon le § 36 le Duc de Courlande promet d’admettre à sa cour les écoliers qui se conduisent bien, pour leur procurer beaucoup de plaisir pendant leurs études. Selon le § 35 enfin le Duc Pierre déclare qu’il employera avec plaisir dans les emplois publics ceux qui auront fait leurs études à ce gymnase de préférence à tous les autres, et en effet jusqu’à présent on a admis aux places de théologie et de jurisprudence des personnes qui n’avaient fait leurs études que là, quoique pour chacune de ces parties il n’y ait jamais eu à ce gymnase plus d’un professeur.
Le but du Duc de Courlande était évidemment de détourner ses sujets des universités étrangères et comme il n’était pas assez riche pour fonder une université, il a établi ce gymnase qui, composé de 9 professeurs et de quelques maîtres subalternes, devait tenir lieu de nos écoles de district (selon le plan d’instruction on apprend encore à écrire dans cet institut), de nos gymnases et de nos universités, et cela avec 6 leçons par semaine pour chaque professeur. L’absurdité de ce plan saute aux yeux; et on a pu, Sire, Vous porter à le confirmer!! Mais en supposant qu’on peut excuser ce plan en tout ou en partie par la situation du Duc de Courlande, comment l’Université peut-elle exercer une direction sur cet institut?
Si les fonds annuels de 8720 Écus d’Albert, fournis par la Couronne seule, sont sous la seule inspection du conseil du gymnase, comment l’Université pourra-t-elle en rendre les comptes et répondre de leur justesse? Si la personne et les devoirs de professeurs dépendent uniquement du conseil du gymnase, comment l’Université pourra-t-elle s’assurer que ces devoirs sont remplis? Le directeur du gouvernement est, comme toute autre autorité, exclus des conférences, destitué de tout pouvoir; où prendra-t-il les rapports qu’il doit nous envoyer6? Lorsqu’un professeur de l’Université voudra faire la visite annuelle de ce gymnase, supposé qu’on ne lui en défendre pas l’entrée, pourra-t-il réformer des abus, reprendre les maîtres en faute? L’Université elle-même ne le peut pas, la constitution de cet institut excluant toute autre autorité.
En quoi donc consistera l’inspection de l’Université, si les fonds, la discipline et l’instruction de cet institut sont soustraits à cette inspection? Voulez-Vous avilir l’Université au point d’en faire tout simplement le canal par où passent les rapports du recteur de Mitau, sans pouvoir juger de l’authenticité de ces rapports, sans pouvoir réformer le moindre abus d’exécution? Et si pour trouver un milieu à tout cela on accorde quelque autorité à l’Université contre le sens marqué de la constitution que Vous avez confirmée, les contradictions, les dissensions, les plaintes de part et d’autres ne finiront jamais.
Si Vous avez eu réellement intention de faire pour le Gymnase de Mitau une exception à tous les points de Votre système de l’instruction publique, si Vous avez réellement voulu qu’il existe un institut d’instruction indépendant de ce système, déclarez formellement cette indépendance, et ne forcez pas l’Université à une direction illusoire qui ne peut avoir d’autre effet que de nous causer des querelles éternelles qui enfin lui inspireront du dégoût pour la partie de ses devoirs qui Vous est le plus à cœur.
Sire! La noblesse de Courlande désire voir rétablir le Gymnase dans son ancienne forme par haine contre l’Université, pour ne point envoyer sa jeunesse étudier à Dorpat. Lorsqu’il fut question d’établir l’Université à Mitau, elle voulait anéantir le gymnase et son ancienne constitution, à présent elle revendique cette constitution. Les maîtres de ce gymnase désirent cette constitution parce que par elle ils n’ont que 4 à 6 leçons à donner par semaine, et par le nouvel ordre de choses 10 à 11, et surtout parce que suivant la nouvelle constitution ils sont surveillés et forcés à donner réellement leurs leçons avec régularité ce qu’ils n’ont jamais fait (dans les autres gymnases les maîtres donnent 18 à 19 leçons par semaine et ne songent pas à murmurer).
Un hasard, Sire, a empêché l’exécution prompte de Votre dernier ordre. La chancellerie du ministre avait commis une faute dans la lettre du ministre au curateur. On l’a redemandée. Vous avez par là l’occasion de faire ce que Vous voudrez sans compromettre Votre parole7. Je Vous supplie de Vous décider ou à soustraire le Gymnase de Mitau à l’autorité de l’Université ou à confirmer le nouveau plan, par lequel on a accordé à cet institut tout le lustre possible, à raison de ses fonds; je puis Vous donner ma parole la plus sacrée que l’Université a fait pour ces ingrats, dans le fort de leur plus grande animosité, tout ce qu’elle eût fait pour elle-même. J’en atteste en outre le curateur qui gémit du tort que Votre ordre porte à l’instruction publique. Mais devons-nous sacrifier nos devoirs à la paresse de 8 maîtres de gymnase?
Parrot
112. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 11 février 1807
Nous voici déjà au 11 février, mon Bien-Aimé; Votre départ approche, et Vous gardez un silence absolu avec moi. Auriez-Vous du chagrin, de l’inquiétude? Versez l’un et l’autre dans le sein de Votre ami, qui Vous chérit plus que soi-même. Les tracasseries que l’on cause à Benningsen auraient-elles amené des revers? Avez-Vous été averti à temps des cabales à l’armée1? J’en ai été instruit au commencement de la semaine passée. Mais je n’y croyais pas; j’étais devenu incrédule pour avoir été une fois trop crédule. À présent que je vois que la chose est fondée, que tout le public en est instruit et en murmure aux clubs et à la bourse, je me reproche de ne Vous en avoir rien dit. Prenez des mesures vigoureuses, si Vous ne l’avez pas encore fait; rappelez sous ménagement Tolstoi et Knorring, et Kameskoi qui, à ce que l’on dit, est retourné à l’armée pour y servir comme volontaire. Je croirais le fait impossible s’il n’avait osé sous Catherine II faire pis encore; il voulait prendre de but en blanc le commandement de l’armée dont l’Impératrice l’avait chassé2. Pourquoi est-il resté à Grodno? Je ne crois pas à sa folie. Si j’ai tort de Vous parler de ces choses-là, pardonnez-moi, et ramenez-moi à ce qui me regarde, à mon métier de maître d’école. Je crains que mes pauvres écoles paroissiales ne soient ruinées par les retards qu’elles essuient. Vous serez trop accablé d’affaires les derniers jours avant Votre départ pour pouvoir Vous en occuper. Faites-le à présent. Le moment de l’absence de Novossiltzoff diminuera le nombre des difficultés.
Bon jour, mon Alexandre chéri! Qui peut Vous souhaiter une heureuse journée plus que
Votre Parrot.
113. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 20 février 1807
Sire,
Permettez-moi de mettre à profit le temps que Vous me laissez avant le moment qui terminera l’affaire des écoles paroissiales. Vous savez que le plan que le Directoire a envoyé aux provinces est très défectueux; en outre il y a des § à restituer qui se trouvaient dans le premier plan que le Directoire n’a pas voulu accorder, mais que Vous accordez. Enfin la bonne volonté que les paysans ont témoigné au-delà de mes espérances et d’autres circonstances exigent quelques modifications dans le plan. Ce sera en tout peu de chose, mais je ne puis faire ces changements sans Votre approbation. Si Vous me l’accordez je ferai faire alors sur le champ une traduction complète du plan que je soumettrai à Votre sanction soit après la discussion préliminaire du Directoire, soit sans elle si Vous la jugez inutile. Ces modifications sont:
1) L’inspection générale de l’Université sur toutes les écoles de campagne, au § 2.
2) Supprimer l’énoncé du nombre de paroisses parce que j’ai lieu de croire qu’alors ce nombre n’avait pas été donné à l’Université avec toute l’exactitude possible, au § 3.
3) Dans les écoles paroissiales où le nombre des écoliers ne sera pas considérable on peut se passer de l’adjoint, au § 6 (pour épargner les frais aux communes pauvres).
4) Les maîtres d’école sont comptés comme recrues aux terres qui les livrent, et sont par leur personne exempts du service militaire, au § 7 (on a tenté plusieurs fois d’enlever des maîtres d’école pour le service militaire).
5) Les communes qui pourront se passer de leurs enfants en été pourront les envoyer aussi dans cette saison à l’école, § 18 (plusieurs communes l’ont désiré).
6) Le § 46 doit être supprimé, il contient la manière de former à la suite des maîtres d’école. J’en ai depuis trouvé une beaucoup meilleure et moins dispendieuse, au moyen de quelques épargnes qu’il sera possible de faire sur les fonds de séminaires.
Je Vous supplie, Sire, de me faire savoir par simple oui ou non si Vous approuvez ces changements. Je Vous en conjure par l’intérêt de la chose publique et par la bienveillance, j’ose dire même par l’amitié que Vous m’avez vouée.
Votre Parrot.
114. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 20 ou 21 février 1807]1
Vouz avez raison de m’en vouloir, mais j’avais espéré Vous voir moi-même tous ces jours-ci, et j’en ai été constament empêché par des affaires qui me survenaient et que je ne pouvais remettre. Vendredi je Vous prie de venir chez moi à 6 heures et ½.
Tout à vous.
[Paraphe]
115. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 25 février 1807
Me voici de nouveau devant Vous, mon Bien-Aimé! C’est où je me trouve le mieux, où je me trouve parfaitement heureux. Je veux Vous parler des principes de la censure. Vous me parûtes Vendredi soir encore peu persuadé de ce que je Vous avais écrit sur cet objet important. Je veux Vous persuader. Je Vous l’avoue tout simplement; je ne puis supporter l’idée qu’on puisse reprocher à Votre règne le défaut de constance dans les principes reconnus pour vrais. Ces principes que le règlement contient, ceux que je professe aujourd’hui sont ceux que je professais il y a 5 ans dans le mémoire que Vous demandâtes à l’Université sur l’ouvrage de Mr. Zimmermann concernant l’établissement des Universités en Russie; ce sont en partie ces principes qui m’ont obtenu les premiers rayons de Votre Bienveillance, qui ont posé les premiers fondements de la confiance que Vous m’accordez, qui m’ont frayé le chemin jusqu’à Votre cœur. Je n’ai pas changé <de principes>; je suis le même aujourd’hui qu’alors. Vous n’avez pas changé non plus. La noblesse de Votre cœur, la libéralité de Vos idées sont les mêmes. D’où vient donc que les effets sont si différents pour cet objet, peut-être pour cet objet seul? Tâchez de Vous résoudre à Vous-même cette question. Recherchez-en avec soin la cause. Vous ferez pour Vous-même une découverte importante: Vous trouverez par là comment il est possible de s’écarter de la bonne route sans le vouloir, et Vous verrez combien de ramifications fertiles au mal sortent de cette souche. En pliant sur les principes de la censure Vous pliez sur tout le système de l’instruction publique et des lumières nationales, Vous Vous relâchez sur l’éducation que Vous voulez donner à Votre peuple, sur cette éducation que Vous regardez avec raison comme le seul moyen de le relever. L’instruction de la jeunesse n’est pas la seule partie de l’éducation nationale. La lecture, qui agit immédiatement et avec avantage sur l’esprit des hommes faits, en est une partie essentielle, sans laquelle l’autre ne peut agir avec vigueur et succès. C’est sous ce point de vue que j’envisage, et que Vous avez sûrement Vous-même envisagé, la réunion que Vous avez faite de la censure à l’instruction publique. <Vous avez senti mieux qu’aucun autre Monarque que ce que l’État veut offrir à l’entendement de ses membres doit lui être offert par les gens de lettres, qui par la nature de leurs occupations sont les seuls qui peuvent mettre à cet ouvrage tout l’intérêt nécessaire pour le tenir en vigueur.>
Conservez cette réunion, non seulement dans Vos règlements, mais aussi dans l’exécution. Jusqu’à présent cette exécution a été en contradiction manifeste avec les principes. Le public se fie au règlement, à Votre loi; les auteurs écrivent, eux ou les libraires font les frais de l’impression sur la foi de la permission de la censure; une autre autorité, qui dans sa sphère n’a ni plus ni moins de pouvoir que l’Université dans la sienne, vient prohiber et saisir les ouvrages approuvés, anéantir la confiance du public en Votre Université et en Vous-même, frapper toute la littérature d’un coup qui sème la défiance, la crainte et le mépris du système que Vous avez établi, et prouver qu’il suffit d’avoir quelques moyens d’exécution et de l’audace pour agir directement contre Vos vues. L’Université a été attaquée et maltraitée depuis 4 ans pour son existence et pour l’établissement des écoles. Elle n’a jamais obtenu de satisfaction contre les coupables. Vous l’avez soutenue et cela lui a suffi pour réussir à la fin à force de persévérance. Mais le mauvais exemple d’impunité que le public a eu par là a enhardi à tout oser dans les affaires de censure. Naturellement quand on ne risque rien à toutes ces attaques que de forcer l’Université à se justifier éternellement, on ne les cesse pas et on a en outre l’espérance que l’Université enfin se lassera de tenir à Vos principes. Sans cette impunité, sans cette espérance, Pistohlkors eût-il osé Vous faire parvenir des articles controuvés de la gazette estonienne? (Car si on Vous en eût donné une traduction fidèle, Vous en eussiez eu une toute autre idée). La régence de Riga eût-elle osé annuler un décret de l’Université en prohibant et saisissant l’ouvrage sur les livoniens et les estoniens, et s’appuyer pour cela de Votre autorité dans un temps où Vous ne connaissiez pas encore cet ouvrage1?
Sire! Le bien public et la gloire de Votre règne exigent la fin de cette anarchie. Rétablissez la vraie liberté de la presse en tenant fermement à Votre règlement de censure. Rendez au public l’ouvrage en question, permettez la gazette estonienne à l’exception des articles politiques, et donnez un rescript formel qui défende à toute autre autorité que le Directoire de l’instruction publique de prohiber des ouvrages approuvés par la censure. Je Vous le demande par intérêt pour Vous-même, par ce sentiment profond pour Vous que rien ne pourra affaiblir et qui me donnerait la force de combattre Vos propres idées comme celles des autres si elles étaient en contradiction avec le bien public. Ce n’est point l’intérêt pour l’Université ni pour moi-même qui me fait parler. Qu’ai-je à craindre pour l’Université ou pour moi? Jusqu’ici nous avons agi selon Vos lois; je l’ai prouvé chaque fois. Tant que Vous serez juste pouvons-nous Vous craindre? Et si enfin lassé de cette lutte perpétuelle l’Université finit par tout prohiber elle deviendra la favorite du parti puissant qui à présent la persécute.
«Mais il faut user de ménagement». – Sire! que diriez-Vous de Benningsen si pour user de ménagements avec l’ennemi, il reculait et lui livrait deux ou trois de Vos provinces? Le traître Kameskoi a agi ainsi. – Croyez-Vous la comparaison fausse? Sentez que chaque acte de faiblesse de notre part est avantage pour l’ennemi et ranime son courage, et qu’il faut livrer plus de combats pour regagner le terrain perdu que pour le conserver. Et puis la coutume, ce tyran de la race humaine, ne se tournera-t-elle pas contre nous et surtout contre Vous? Dominez la coutume et Vous dominerez les hommes. – Mais les circonstances présentes. – Sire! Les hommes modifient les circonstances, et Vous êtes l’homme le plus fort de Votre Empire. Connaissez le levier puissant que la providence a mis en Vos mains, faites le agir. Est-ce la noblesse livonienne ou estonienne qui est à craindre? Elle, qui, menacée journellement par les paysans, n’a d’autre refuge que le trône et les régiments russes? Voyez l’état de la Prusse. La noblesse commandait ses armées. – Il existe, il est vrai, des ménagements. Mais ils sont tous réunis dans une seule chose, la justice. Quand on l’a exercée en temps de paix, on en retire les fruits dans les temps de crise, et la postérité juge la grandeur des rois sur leur persévérance dans les principes, sur leur vraie conséquence dans les mouvements difficiles (Pierre Ier). Les événements, les résultats sont ses guides dans ce jugement sans appel, parce que l’histoire a appris à toutes les générations que les États ne tombent que par faiblesse, c’est à dire par l’inconséquence et la variabilité dans les principes du gouvernement.
Votre ancien Parrot
Je Vous supplie de ne pas oublier pour Sonntag la terre de Colberg, dans la paroisse de Salisburg, cercle de Wolmar, sous arrende. On n’en a offert que 2025 Roubles à l’encan qui a eu lieu.
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